Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/72

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Écrivain ascétique qui vient un demi-siècle plus tard, le cardinal Bona divise les songes en trois catégories, suivant l’origine qu’il leur suppose : visions divines, visions diaboliques, visions naturelles ; et, tout d’abord, il déclare que ces dernières seront celles dont il s’occupera le moins. On trouve pourtant dans son traité, ce fragment sur la production des images et sur la puissance de l’imagination en rêve qui semblerait un feuillet détaché de quelque ouvrage beaucoup plus moderne : « Les songes naturels ont pour cause l’imagination [1]. On peut seulement se demander si elle perçoit passivement par un sens intérieur, ou bien si l’intelligence y entre pour quelque chose. Il est certain qu’il arrive en rêve de prononcer un discours étudié, de faire des vers élégants, de philosopher sur les sujets les plus élevés, toutes choses qui ne semblent pas seulement dépendre de l’imagination, mais aussi du raisonnement. Cependant il est des philosophes qui pensent que ces opérations ne dépassent pas les forces de l’imagination. Toutes les fois en effet que, dans l’état de veille, l’intelligence s’applique à des sujets de discussion ou d’argumentation, le sens intérieur que l’on appelle la puissance cogitative ne reste pas inactif, et, comme une planète, il suit un mouvement supérieur.

  1. Par imagination l'auteur entend simplement la faculté de percevoir des images.