Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/73

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Autrement dit, l’âme ou l’esprit (animus) ne peut rien penser sans qu’aussitôt l’imagination ne présente quelque chose de semblable, faisant surgir des images qui, durant le sommeil, offrent assez d’illusion pour faire croire à la présence des objets réels (ac si res vera ageretur). »

Vossius, contemporain du cardinal Bona, traite comme lui la question des songes ; mais en l’envisageant d’un côté tout différent. Il cite Hippocrate, il cite Galien ; il insiste sur le parti que la médecine pourrait tirer des révélations fournies par certains rêves morbides. « L’âme, dit-il, quand elle ne vague pas aux occupations externes, sent plus profondément les impressions qui tiennent à l’état du corps. Au reste, autant il est bon de juger par les rêves des affections du corps, autant il est fou de vouloir chercher dans les illusions du sommeil, ainsi que l’ont fait Artémidore et Cardanus, des présages étrangers à l’état même du dormeur. »

Ici se place dans l’ordre chronologique la publication la plus singulière qui ait peut-être jamais paru sur les rêves. L’auteur intitule son livre l’Art de se rendre heureux par les songes, c’est-à-dire en se procurant telle espèce de songes que l’on puisse désirer [1]. Il prétend tenir d’un vieux sauvage

  1. Francfort et Leipsic, 1747.