Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/74

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de l’Illinois, médecin et sorcier de sa tribu, toute une série de moyens pharmaceutiques, qu’il aurait étendus et perfectionnés lui-même, et à l’aide desquels il ne serait point de songes qu’on ne pût se procurer immédiatement avec la plus grande facilité. On voit, en ouvrant la table des matières, que des recettes spéciales sont données : pour rêver qu’on assiste à des spectacles magnifiques, que l’on a beaucoup d’esprit, que l’on marche superbement habillé avec un grand train et beaucoup de domestiques, ou bien : que l’on reçoit les dernières faveurs d’une dame sur un gazon fleuri, ou dans un bocage ou sur le bord d’une fontaine, que l’on est au bain avec les plus belles personnes du monde, etc., etc.

Voilà certes de quoi piquer la curiosité d’un lecteur, surtout s’il est persuadé qu’il n’est pas impossible d’influencer les rêves, et s’il s’attend à rencontrer là, sinon des formules d’une efficacité aussi étrange, du moins l’indication de quelques narcotiques puissants et peu connus. Mais à peine ce lecteur curieux a-t-il parcouru deux ou trois pages qu’il referme le volume pour ne plus l’ouvrir. Il n’en conserve pas même cette impression souriante que nous ressentons parfois si nous avons été le jouet de quelque mystification aimable, car il n’a pu lire qu’un insipide fatras de plates extravagances, trop prétentieuses pour avoir été sincèrement écrites, trop ridicules pour qu’on y cherche