Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/77

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« Dans les songes, l’imagination et la mémoire agissent indépendantes de tous les sens externes, et sans être troublées par l’impression des objets environnants. » Je cite, en faisant toutes réserves, quant à l’assertion en elle-même. « L’âme, dégagée des liens qui l’enchaînent au corps, semble être abandonnée à son activité propre et primitive. Elle combine des idées, elle établit des raisonnements auxquels les sensations et l’intelligence animale ne pourraient donner lieu dans l’état de veille. Des impressions, oubliées depuis longtemps, se retracent avec de nouvelles couleurs plus vives. L’âme se transporte dans un monde créé par elle, où rarement les images claires des lieux ou du temps donnent aux idées cette vérité qu’elles n’acquièrent que par le concours des sens. Comment supposer, d’après cela, que l’homme de la nature, étranger aux lois qui régissent le corps et l’âme, n’attribue pas les sensations qu’il éprouve en songe à l’intervention d’un génie ou d’un être de son espèce, auxquels il a d’ailleurs coutume de rapporter tous les effets dont la cause n’est pas évidente pour lui ? »

Contemporain de Sprengel, Cabanis est un de ceux qui croient que la volonté peut persister durant le sommeil avec une vivacité plus ou moins grande, suivant le caractère et l’énergie morale des différents sujets. Il cite l’exemple de Condillac