Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/78

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qui, lui, atteste personnellement qu’« en travaillant à ses cours d’étude, il était souvent obligé de quitter pour dormir un travail déjà préparé mais incomplet, et qu’à son réveil, il l’avait trouvé plus d’une fois terminé dans sa tête. »

Cabanis aborde ensuite, avec l’intention de l’expliquer naturellement, ce point si ardu et si scabreux de la question, la fatidité des songes, et il écrit intrépidement, non sans un grand sens, à mon avis : « Nous avons quelquefois, en songe, des idées que nous n’avons jamais eues. Nous croyons converser par exemple avec un homme qui nous dit des choses que nous ne savions pas. On ne doit pas s’étonner que, dans des temps d’ignorance, les esprits crédules aient attribué ce phénomène singulier à des causes surnaturelles. J’ai connu un homme très sage et très éclairé, M. Benjamin Franklin, qui croyait avoir été plusieurs fois instruit en songe de l’issue des affaires qui l’intéressaient dans le moment. Sa tête forte, et d’ailleurs entièrement libre de préjugés, n’avait pu se garantir de toute idée superstitieuse, par rapport à ces avertissements intérieurs. Ne faisant pas attention que sa profonde prudence et sa rare sagacité dirigeaient encore l’action de son cerveau pendant le sommeil, comme on peut l’observer souvent, même pendant le délire, chez des hommes d’un moral exercé. En effet, l’esprit peut continuer