Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/79

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ses recherches dans les songes ; il peut être conduit, par une certaine suite de raisonnements, à des idées qu’il n’avait pas. »

C’est assurément l’un des côtés les plus intéressants du sujet qui nous occupe, que cette perspicacité si puissante, cette sorte de divination intuitive à laquelle l’esprit peut s’élever parfois, dans l’état de rêve, grâce à la concentration absolue de toutes les forces de l’attention, en même temps qu’à l’extrême exaltation de la sensibilité physique ou morale, condensée pour ainsi dire sur un seul point. Müller, notre contemporain, a évidemment la même pensée que Cabanis, lorsqu’il écrit dans son traité de Physiologie :

« Il arrive parfois que nous rêvons des situations bizarres, ayant en quelque sorte le caractère de pressentiment, c’est-à-dire que des états possibles s’offrent à nous comme des idéalités imagées, et l’événement peut ensuite s’accorder avec notre rêve, sans qu’il y ait là rien de merveilleux. Par exemple, une personne nous intéresse vivement, nous la connaissons assez bien sans être toutefois parfaitement édifiés sur son compte, nous la croyons franche et véridique, et cependant nous avons quelque sujet de soupçonner qu’elle ne possède pas réellement ces qualités. En rêvant d’elle, nous la plaçons dans des situations qui font ressortir son défaut de franchise et de véracité ; qu’ensuite nos soupçons à son