Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/80

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égard viennent à se justifier, le rêve que nous avons eu paraît surprenant, et cependant il ne l’est pas [1]. »

Faisons la part des époques et des écoles, et nous jugerons que Philon le Juif avait constaté des faits de ce genre, quand il écrivait lui-même au premier siècle de notre ère : « que certains songes naissent des mouvements de l’âme, s’harmonisant par une secrète sympathie, avec le cours de l’univers, comme provenant de même racine ; d’où suit qu’un grand nombre d’événements futurs étant déjà préparés dans le présent, l’âme devinera d’elle-même le futur quand elle aura la juste intuition du présent ». Certes, je n’entends pas me tenir pour complètement éclairé par cette explication de Philon le Juif ; mais il faut convenir que les faits dont il s’agit ne sont pas non plus tout à fait aussi simples que le docteur prussien le veut bien dire, dans son parti pris de ne s’étonner de rien. S’il est constaté que l’état de rêve a pour résultat de nous faire recueillir parfois en nous-mêmes des perceptions d’une ténuité insaisissable en tout autre moment, ainsi que je le disais tout à l’heure ; si l’esprit d’un homme endormi arrive, en suivant les pentes naturelles d’une série de raisonnements

  1. Müller, Handbuch der physiologie der Mentschen ; vom Schlaf ; VI Buch, 4 cap.