Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/120

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Ainsi que près des bords où le Rhône fatigué croupit dans la campagne, ou près du golfe Carnaro [6] qui baigne les derniers contours de l’Italie, on voit les champs tristement décorés de tombeaux ; ainsi voyais-je autour de moi la plaine hérissée de sépulcres. Mais ici le spectacle était plus triste encore : des feux toujours allumés enveloppaient ces tombeaux, qui étincelaient comme le fer embrasé : ils étaient découverts, et de leurs bouches fumantes sortaient des cris lamentables.

— Maître, dis-je alors, quelle est cette foule malheureuse couchée dans ces lits de douleur ?

— Ce sont, me dit-il, les hérésiarques et leur nombreuse famille [7] ; leur multitude excède encore ta croyance : ici, le disciple gémit à côté de son maître [8] ; mais ces prisons brûlantes recèlent des tourments plus ou moins rigoureux.

À ces mots, il tourne vers la droite, et nous passons entre ces martyrs de l’erreur et les remparts de la noire cité.