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EFFETS PRODUITS PAR DIVERS POISONS.

Je plaçai sur le disque de 6 feuilles un demi-minime de la solution ; au bout de vingt-trois heures, tous les tentacules chez l’une des feuilles, quelques-uns chez 2 autres, étaient infléchis, chez les 3 autres aucun tentacule n’avait bougé ; il résulte de cette expérience que les glandes du disque, irritées par ce sel, ne transmettent aucune forte impulsion aux tentacules extérieurs. Au bout de quarante-huit heures, les glandes du disque des 6 feuilles étaient évidemment très-malades ou étaient mortes. Il est évident que ce sel est un poison violent[1].

Acétate de quinine. — Je plongeai 4 feuilles, chacune dans 30 minimes d’une solution contenant 1 partie d’acétate pour 437 parties d’eau. J’essayai la solution avec du papier de tournesol et elle ne présenta aucune trace d’acidité. Au bout de dix minutes, les tentacules des 4 feuilles s’étaient infléchis, et, au bout de six heures, cette inflexion était devenue considérable. Je laissai alors les feuilles dans l’eau pendant soixante heures, mais les tentacules ne se redressèrent pas ; les glandes étaient blanches et les feuilles évidemment mortes. Ce sel provoque l’inflexion beaucoup plus rapidement que le sulfate de quinine, et, comme ce dernier, est un poison violent.

Azotate de quinine. — Je plongeai 4 feuilles, chacune dans 30 minimes d’une solution contenant 1 partie d’azotate pour 437 parties d’eau. Au bout de six heures, c’est à peine si je pus observer une trace d’inflexion ; au bout de vingt-deux heures, les tentacules de 3 feuilles étaient modérément infléchis, et ceux de la quatrième légèrement. Il résulte donc de cette expérience que ce sel provoque une inflexion lente, mais bien prononcée. Après un séjour de quarante-huit heures dans l’eau, presque tous les tentacules se redressèrent, bien que les glandes fussent très-décolorées. Ce sel n’est donc pas un poison. On ne manquera pas de remarquer l’action si différente qu’exercent les trois sels de quinine dont nous venons de nous occuper.

Digitaline. — Je plaçai sur le disque de 5 feuilles un demi-minime

  1. Binz a découvert, il y a plusieurs années, ainsi qu’il est constaté dans le Journal of Anatomy and Physiol., novembre 1872, p. 185, que la quinine est un poison violent pour les organismes végétaux et les animaux inférieurs. Une partie de quinine ajoutée à 4000 parties de sang suffit pour arrêter les mouvements des corpuscules blancs qui deviennent arrondis et granuleux. Dans les tentacules du Drosera, les masses agrégées de protoplasma qui paraissaient tuées par la quinine avaient aussi un aspect granuleux. L’eau très-chaude produit un effet semblable.