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CONCLUSIONS FINALES.

quement peuvent être considérés comme un prolongement de la feuille ; toutefois, le limbe entier se recourbe souvent et convertit la feuille en un estomac temporaire.

Il n’est guère possible de douter actuellement que toutes les plantes appartenant à ces six genres ne possèdent la propriété de dissoudre les substances animales au moyen de leur sécrétion qui contient un acide outre un ferment dont la nature est presque identique à la pepsine ; elles absorbent ensuite les substances ainsi digérées. Il est évident que les choses se passent ainsi chez le Drosera, le Drosophyllum et la Dionée ; il est presque certain qu’il en est de même chez l’Aldrovandia, et, par analogie, il est très-probable que le Roridula et le Byblis participent à ces avantages. Cela nous explique comment il se fait que les trois premiers genres aient des racines si petites et que l’Aldrovandia n’en ait pas du tout ; nous ne savons absolument rien relativement aux racines des deux autres genres. Sans doute, il est fort étonnant qu’un groupe tout entier de plantes (et, comme nous le verrons tout à l’heure, quelques autres plantes qui ne sont pas alliées aux Droséracées) subsistent en partie par la digestion de matières animales et en partie par la décomposition de l’acide carbonique, au lieu de s’en tenir exclusivement à ce dernier moyen en y ajoutant l’absorption de certaines substances du sol à l’aide de leurs racines. Toutefois, nous pourrions citer un cas également anormal dans le règne animal : les Crustacés rhizocéphales ne se nourrissent pas par la bouche comme les autres animaux, car ils ne possèdent pas de canal alimentaire ; ils se nourrissent en absorbant, par des processus qui ressemblent à des racines, les sucs des animaux sur lesquels ils vivent en parasites[1].

Sur les six genres composant la famille, le Drosera a

  1. Fritz Müller ; Facts for Darwin, traduct. anglaise, 1869, p. 139. Les Crustacés rhizocéphales sont alliés aux Cirripèdes. Il est difficile d’imaginer une différence plus considérable que celle qui existe entre un animal doué