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IBERVILLE ET SAINT-CASTIN

Sur les entrefaites, Phipps passait en Angleterre et y mourait bientôt. Les débuts de Stoughton, son successeur, furent malheureux.

« L’on avait projeté, écrit Bacqueville, de faire un échange de prisonniers de part et d’autre. Saint-Castin devait se charger de la part du comte de Frontenac de cette négociation ». Sept plénipotentiaires pentagoëts se dirigèrent vers la Nouvelle-Angleterre, portant à Boston les lettres de Frontenac et de Saint-Castin. Ils en avaient une aussi des prisonniers anglais au capitaine Chubb, commandant de Pemquid, par où ils passèrent d’abord. Chubb, au mépris du droit des gens, les retint prisonniers et les envoya à Boston, enchaînés. En route, trois ou quatre furent massacrés 20.

Stoughton se montrait impitoyable. Aux plénipotentiaires qui parvinrent à Boston, « il faisait de sanglants reproches sur leurs dernières hostilités et y ajoutait les plus terribles menaces s’ils ne lui en livraient pas les auteurs » 21.

On se calma de part et d’autre et la fureur mutuelle n’eut pas tous les effets qu’on en aurait pu attendre. Stoughton, malgré tout, n’était pas rassuré ; de leur côté, les Indiens ne voulaient pas perdre toute chance de recouvrer leurs prisonniers. Toutefois, on ne signa aucun traité, si ce n’est une trêve de 30 jours, le 20 mai 22. À l’été, les Indiens se lançaient de nouveau sur le sentier de la guerre. Ils s’emparaient du major Hammond à Kittery et l’envoyaient à Québec, au mois de juin, puis en août, ils prenaient un fortin et tuaient quinze personnes à Billerica. Fait remarquable, lors de ce dernier engagement, les assaillants étaient à cheval. Les mêmes cavaliers tuaient le sergent Haley près de Saco. Le 9 septembre, le sergent March et neuf miliciens subissaient le même sort ; puis, le 7 octobre, neuf personnes étaient capturées dans la maison de John Brown à Newbury. Le capitaine Greenleaf se mit à la poursuite de l’infernal ennemi ; ce fut pour être blessé grièvement 23.


Vers la fin de l’année, les Abénaquis avaient recouvré toute leur ardeur guerrière. En effet, Bonaventure, Baptiste et d’autres corsaires français avaient fait de nombreuses prises sur les côtes. D’où les indigènes concluaient que les Anglais n’étaient pas les maîtres de la