Page:Delâtre - L’Égypte en 1858.djvu/14

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mécanique, l’hydraulique, l’arithmétique : les Phéniciens leur ont emprunté le système alphabétique ; les Hébreux, leurs rites et leurs lois. Un prêtre égyptien, Osarsif ou Moïse, dicta le Décalogue, ce code de la morale universelle. Toutes les vérités et toutes les erreurs ont leur source en Égypte. Selon la tradition hellénique, deux Égyptiens, Cécrops et Danaüs, fondèrent les plus illustres villes de la Grèce, Athènes et Argos. Orphée, le plus célèbre des poëtes primitifs, alla étudier en Égypte la théologie, l’astronomie, la musique, la médecine, qu’il vint ensuite enseigner à ses compatriotes, encore à moitié sauvages. Homère parle de l’Égypte comme d’un pays de merveilles. Il fait de Protée le plus habile et le plus prudent de tous tes rois. Lycurgue et Solon apprirent des Égyptiens la science de la législation ; Thaïes, Anaximandre, Pythagore, Socrate et Platon, étudièrent la philosophie et les sciences de l’Égypte. Platon invoque fréquemment le témoignage des Égyptiens, qu’il proclame les maîtres et les modèles de tous les hommes.

La chronologie n’a offert jusqu’ici de dates bien certaines qu’à partir du viiie ou du ixe siècle avant l’ère vulgaire. Chez les Juifs, les temps vraiment historiques ne commencent que vers le règne de Salomon ; chez les Grecs, tout l’espace antérieur à la guerre de Troie est livré au conflit des hypothèses et au vague des inductions. Les Indous, les Chinois prétendent à une antiquité très-reculée ; mais ils ne produisent, à l’appui de ces prétentions, que des calculs suspects et des traditions fabuleuses. S’il existe quelque part dans l’histoire du monde les cléments d’une chronologie positive antérieure à Salomon et à Agamemnon, c’est chez les Égyptiens qu’ils doivent se trouver.

« Les Égyptiens, dit Hérodote, sont de tous les hommes ceux qui conservent le plus fidèlement le souvenir des anciens temps. » Quand un prodige a lieu, ils s’empressent de l’écrire ; et si, dans la suite, un phénomène analogue arrive, ils jugent par induction qu’il aura le même résultat. Les prêtres égyptiens énumèrent, d’après son livre, trois