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versel. C’est cette faculté qui constitue le suprême degré de la science : la philosophie, par rapport à laquelle les autres opérations intellectuelles, raisonnement, analyse, synthèse, division, classification, ne sont que des instruments. Mais si toute science finit à la philosophie, là ne s’arrête point l’essor de l’âme. Au delà de l’intuition de l’universel, est la contemplation pure et silencieuse de l’intelligible, l’enthousiasme, qui ravit l’âme en Dieu. La philosophie est donc l’intermédiaire placé à égale distance de la sensation et de la contemplation, par lequel l’âme arrive au souverain bien. Quant à la valeur et à la portée de la science philosophique, Proclus ne se fait aucune illusion à ce sujet. La science et la vérité peuvent être notre partage ici-bas ; notre âme apporte avec elle, en descendant de son premier séjour, une science qui tient à la partie la plus sublime de son être, mais nous ne saurions voir la vérité dans tout son éclat, ni la posséder dans toute sa plénitude. La vérité première, la vérité pure est en Dieu seul ; notre science n’est qu’un pâle reflet de la sagesse divine.

Telle est, selon Proclus, la nature et la portée de la philosophie ; la science suprême n’est appelée philosophie qu’autant qu’on la considère par rapport au but vers lequel elle conduit l’âme ; considérée en elle-même, et dans les procédés qu’elle emploie, elle se nomme la dialectique. Les procédés de la dialectique sont au nombre de quatre : la définition, la division, la démonstration, l’analyse.

L’hellénisme était épuisé :les philosophes platoniciens et le sceptique Lucien lui donnèrent le coup de grâce. Le christianisme s’élança triomphant des cendres de son rival abattu. Il apporta au monde un sentiment nouveau, l’ennui. L’hellénisme était l’optimisme ; le christianisme est le système contraire, c’est-à-dire, le pessimisme. Les dieux de l’Olympe étaient gras ; les dieux du Paradis sont maigres. L’hellénisme était la religion de la vie, le christianisme est la religion de la mort.

La langue française a plus d’esprit que la nation qui la