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Les gens instruits de notre Europe se déchaînent parfois contre la stupidité des bourgeois exclusivement absorbés par les intérêts matériels, et trop souvent indifférents à tout ce qui est intellectuel et artistique ; leurs plaintes ne sont pas tout à fait dépourvues de fondement spirituel. Mais qu’ils viennent en Orient, et la brutalité de la majorité dans ce pays, les réconciliera bien vite avec le bourgeois européen, qui après tout est un bon diable susceptible de sentir les belles choses, tandis que l’Oriental, riche ou pauvre, puissant ou plébéien, est inaccessible à toute espèce de culture.

D’ailleurs, troupeau ici, troupeau là-bas, tout est troupeau. Je baisse la tête devant la puissance dit nombre et je me borne à lui adresser ces vers :

Diogène, ta lanterne
Brille en vain, je t’en réponds.
Devant vous je me prosterne
Imbéciles et fripons.
La fortune vous seconde ;
Vous régnez sur terre, aux cieux,
Et vous êtes de ce monde
Les arbitres et les dieux.

Têtes vides
Cœurs avides
Mais, filous,
Sots et fous.
Gloire à vous.

Je vous rends un franc hommage
Je vous vante en prose en vers
Et j’honore en vous l’image
De l’auteur de l’univers.
Seulement, je vous invite
À vouloir me laisser coi.
Ainsi que je vous évite
Rois du monde, évitez-moi.

Têtes vides, etc.


En parcourant Alexandrie, je pensais souvent à mon