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excellent ami, M. Drovelli, ancien consul de France en Égypte, et auteur de la fameuse collection d’antiquités, qui fut refusée par Charles X et que le roi de Sardaigne acheta pour le Musée de Turin dont elle est un des principaux trésors. Drovelli était le type du gentleman et de l’honnête homme ; affable, enjoué, franc comme sont en général les Italiens de bonne compagnie, Drovelli était tout à fait exempt de cette morgue, de ce pédantisme qui distingue le fonctionnaire français. Il avait formé la plus belle collection d’antiquités égyptiennes qui existe et il n’en parlait presque jamais, ou, quand il le faisait, c’était avec cette modestie et ce tact qui sont le propre des gens bien élevés. Enfin, il différait en ceci des collecteurs modernes, qu’il n’avait travaillé ni pour l’honneur ni pour l’argent, mais pour le plaisir, si doux aux âmes bien nées, d’être utile à la science et à l’humanité.

Puisque je suis en train de mentionner mes amis d’Alexandrie, je dois citer le comte Scopoli de Vérone, homme aimable et poète élégant dont la société m’a été bien agréable pendant ce court séjour. Nous n’avons pas manqué, vous le pensez bien, lecteur, d’échanger quelques vers. Podhorski lui ayant adressé un exemplaire de mes sonnets italiens, voici en quels termes le comte Scopoli m’annonça cet envoi :

Oh dell’ altera Gallia inclita prole
Cui fur l’itale Muse amiche tanto
Che mentre ascolto de tuoi carmi il pianto
Io figlio ti direi del nostro sole.
Dell’ Arno in riva il métro e la parole
Certo apprendeste e la magia del canto.
Ben se gentil se accresci a Italia vanto
Quando avvien ch’ altri ogni sua gloria invole.
E in cor scende il tuo canto o le obliate
Tombe conforti di mesta armonia
O amor l’ispiri o filial pietate.
A me che l’odo per arcana via
Vien corne un eco un suon di note usate
Quasi un profumo della patria mia