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phelins recueillis par la charité publique et destinés à fournir des élèves aux écoles du pacha.

Nous grimpons un escalier dégradé qui doit nous conduire au local où se donnent les cours.

Un schériff, c’est-à-dire un descendant du prophète, un noble qui a le droit de porter la couleur verte, est le directeur de l’école et nous en fait les honneurs. Il nous introduit dans une petite salle où nous trouvons une vingtaine de jeunes filles toutes dévoilées, assises sur des bancs faisant face à une table devant laquelle se tient debout une femme de quarante à quarante-cinq ans, qui lit un texte arabe et l’accompagne d’explications orales. Cette femme est Tomar-Khan, la supérieure de l’école et son principal professeur. Elle a fait ses études dans l’ancienne école de sages-femmes créée par Clot-Bey, et abolie par Abbas-Pacha.

Pour tout moyen d’instruction les élèves ont un traité d’obstétricie, traduit du français, et un mauvais mannequin fait de sales haillons. C’est sur ce mannequin que les élèves doivent apprendre l’art des accouchements. Il y a bien un hôpital attenant à l’école, mais les femmes arabes aiment mieux mourir en couche que de se faire accoucher dans un établissement public. Il s’ensuit que les élèves achèvent leurs études sans avoir assisté à une seule opération obstétricale.

L’impression qui nous reste de cette visite à l’école des sages-femmes n’est guère plus favorable que celle que nous a laissée l’école des hommes, et cette visite ne sert qu’à confirmer notre opinion que des esprits dont le Coran forme la première nourriture intellectuelle, ne s’ouvriront jamais aux lumières de la civilisation gréco-latine.

Clot-Bey est, comme Rifaat-Bey, un petit homme maigre et chétif, mais plein d’énergie et de feu. Il est Marseillais. Il fut appelé au Caire, en 1825, par Méhémet-Aly, avec le titre de premier médecin de la cour.

Le grand nombre de médecins qu’exigeaient les troupes