Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/615

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Supplément. 603

bien. Car je crois, Monjieur, que je raifonne bien, ju- geant bien qu'il n'ejî pas po£ible que ces aéîions les plus communes de l'ame foient exaéîement connues, qu'on ait donné vne grande atteinte à la nature de l'ame me/me & 5 à fa liai/on auec le corps, qui font mijîeres jufqu'à prefent fort cache^. Et c'efl de cela que f interprète ce que vous adjoufie'^, que volontiers efcrirc'^ vous quelque chofe de plus.

S'il y auoit des gens au monde qui voulujfent lire vos

10 ouurages, c'ejî à dire, comme je l'interprète en vérité, qui vouluffent fe laiffer infîruire, puifque nous n'auons plus que cette raifon à vaincre, vous ne fçaurie:^ nous refîjîer longtemps. Vous ne voudrie:^pas ejîimer vos difciples par le nombre, n'y refufer de faire bien aux bons par iauer-

1 5 fion contre les mauuais. Jefçay qu 'il ne manquera point de très honnefîes gens qui vous follicite{r6)nt de nous donner ce petit traicîé des pafjions ; je me joinéls, Monfieur, à leur compagnie, & vous conjure de nous faire ce bien, en mon particulier ; bien que je n'en jouiffe qu'en commun,

20 <& peu à proportion de mon intelligence très médiocre, je me tiendray obligé, comme s'il auoit ejlé fait pour mon en feignement particulier.

Jepajfe fans hefiter à voflre aduis, que le fecret de mef- prifer la vie, j'entends de n'en pas craindre la perte, ejl

2 5 fans comparaifon plus grand, que ccluy de la conferucr pour quelques années. Mais je le juge d'autant plus diffi- cile à trouuer, que le hasard, qui nous donne beaucoup de remèdes pour l'vn, ne peut rien pour acquérir Vautre, qui confifle tout en la connoiffance morale de noftre fin. Or

4 atteintel attente MS. — 12 raifon] maifon ib. — 17 traidé] traid ib.

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