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FRANÇOIS AROUET.

vrier 1675[1] : il paya sa charge dix mille livres à son prédécesseur Étienne Thomas. Tous les témoignages sont d’accord sur sa capacité, son honorabilité ; et ce serait se tromper du tout au tout que de se le figurer un de ces gratte-papiers qui ne connaissent au monde que leurs dossiers. C’était, au contraire, un homme d’esprit et de savoir, recevant, et ce fut l’écueil, très-bonne compagnie. Il était le notaire des Saint-Simon, des Sulli, des Caumartin, des Praslin, et ceux-ci le traitaient en ami plutôt qu’en homme d’affaires. Le duc de Richelieu et la duchesse de Saint-Simon, la mère de celui qui drape si bien en quelques lignes Voltaire dans ses Mémoires[2], tenaient l’un de ses fils, Armand sur les fonds baptismaux[3]. Marguerite d’Aumard, qu’il avait épousée le 7 juin 1683[4], était une personne fort agréable, et qui n’avait pas ces airs austères mais préservateurs des femmes de son état. Elle était sortie d’une famille noble, du Poitou, elle aussi. Son père, Nicolas d’Aumard, avait été greffier criminel au parlement ; Simphorien d’Aumard, son frère, était contrôleur de la gendarmerie du roi. Arouet, à en juger par l’inspection de leur contrat, fit tout autre chose qu’un mariage d’argent ; il se montra désintéressé dans

  1. Il n’était pas le premier notaire de sa famille. Il y avait eu un Samuel Arouet, notaire de la baronnie de Saint-Loup, de 1618 à 1641, Almanach littéraire ou étrennes d’Apollon (1781, p. 30). — Henri Filleau, Dictionnaire biographique, historique et généalogique des familles de l’ancien Poitou (Poitiers, 1810-1854), t. I, p. 96.
  2. Saint-Simon. Mémoires (Chéruel), t. XIII, p. 436.
  3. Archives de la ville, Registre des baptêmes de la paroisse de Saint-Germain-le-Vieil, du 5 avril 1685, p. 26.
  4. Ibid., Registre des mariages de la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois, du 7 juin 1683, p. 16.