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L’ABBÉ D’OLIVET.

au collège Louis-le-Grand. Il eut pour recteur le père Picard, auquel succédait, en 1705, le père Letellier ; et pour professeurs les pères Porée, Lejay, Tournemine, Carteron. Le prix de la pension était de quatre cents livres ; mais il s’élevait à plus pour ceux que ne satisfaisait point le régime commun. Les fils de grands seigneurs voulaient être logés en grands seigneurs, avec un précepteur et un valet attachés à leur petite personne[1]. Sans en tant exiger, les enfants des gens aisés se contentaient de vivre par groupes de cinq élèves, dans une chambre, sous la surveillance d’un préfet. Ce fut ce régime mixte que choisit M. Arouet. Le père Thoulié (l’abbé d’Olivet[2]), avant d’être le confrère à l’Académie, fut le préfet de Voltaire, et tous deux n’auront garde de l’oublier. « L’abbé d’Olivet est un bon homme, écrit Voltaire à d’Alembert, et je l’ai toujours aimé. D’ailleurs, il a été mon préfet, dans le temps qu’il y avait des jésuites[3], » et d’Olivet, de rappeler ces temps lointains et de lui dire : « Alors vous étiez mon disciple, et aujourd’hui je suis le vôtre[4]. » À ces doux souvenirs se mêle le souvenir charmant des mauvais jours supportés en commun, le souvenir de l’hiver de 1709, où pour avoir du pain

  1. Emond, Histoire du collège Louis-le-Grand (Paris, 1845), p. 137.
  2. Le père Thoulié prit le nom d’Olivet, l’anagramme de son nom. Marais, Journal, t. II, p. 379.
  3. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. LXV, p. 166. Lettre de Voltaire à d’Alembert ; 2 septembre 1768. Il avait eu auparavant pour préfet le père Charlevoix, t. XLVIII, p. 490. Un Chrétien contre six Juifs.
  4. Le Dernier volume des Œuvres de Voltaire (Plon, 1862), p. 366. Lettre de l’abbé d’Olivet à Voltaire ; Paris, 3 janvier 1767.