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LA DUCHESSE DE RICHELIEU.

il fallait bien qu’elle fût plus grande qu’on ne la fait, puisqu’il avait deux beaux chevaux « hongres sous poil noir judaye » sans compter la petite jument de Châtenay. Il n’eût pas fallu non plus, pour rendre l’historiette possible, nommer madame de Richelieu. « On ne conçoit pas, lisons-nous dans une préface écrite par d’Arnaud, mais d’après les notes et sous les yeux de Voltaire, comment on a pu débiter tant de mensonges ridicules sur son compte. De cette nature est une petite historiette imprimée par Arkstée et Merkus, à la suite de je ne sais quel gros et ennuyeux libelle, avec le titre de Paris. On parle d’une prétendue Maison de littérature qu’il eut au sortir du collège avec la femme du duc de Richelieu, qui était veuf alors, et qui ne s’est remarié que quinze ans après ; mais ces libelles, faits pour la canaille, ne méritent pas d’être répétés[1]. »

  1. Longchamp et Wagnière, Mémoires sur Voltaire (Paris, 1826), t. II, p. 482. Préface pour une édition des œuvres de M. de Voltaire, que les libraires de Rouen se disposaient de faire en 1750. — Voltaire fait allusion, ailleurs, à cette aventure, notablement modifiée dans un autre récit. « J’ai lu, dans une des quatre cents brochures faites contre moi par mes confrères de la plume, que madame la duchesse de Richelieu m’avait fait présent, un jour, d’un carrosse fort joli et de deux chevaux gris pommelés, que cela déplut fort à M. le duc de Richelieu ; et là-dessus on bâtit une longue histoire. Le bon de l’affaire, c’est que, dans ce temps-là, M. le duc de Richelieu n’avait point de femme. » Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. XXVI, p. 334. Dictionnaire philosophique. — Voltaire revient sur cette étrange invention dans son Commentaire historique : « … Il composa avec eux (l’abbé Desfontaines) des libelles diffamatoires intitulés Voltairomanie et Voltariana. C’était un amas de contes absurdes ; on en peut juger par une des lettres de M. le duc de Richelieu, signée de sa main, dont nous avons retrouvé l’original. Voici les propres mots : « Ce livre est bien ridicule el bien plat. Ce que je trouve d’admi-