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Epîtres de l’Apôtre, c’est-à-dire de S. Paul, selon l’ordre qu’ils les lisent dans leurs Eglises pendant le cours de l’année. Ils en ont un qui contient les Evangiles ; qu’ils appellent Εὐαγγέλιον, Evangile. Celui dont nous parlons apparamment ne contenoit d’abord que les Epîtres de S. Paul, & pour cela fut nommé l’Apôtre. Depuis long-temps il renferme aussi les actes des Apôtres, les Epîtres canoniques, & l’Apocalypse. Il est aussi nommé actes des Apôtres, Πραξαπόστολος, parce que c’est le premier livre qui s’y trouve.

Le nom d’Apôtre a été aussi en usage dans l’Eglise latine au même sens, & il se trouve dans S. Grégoire, comme on l’a dit, dans Hincmar, & dans Isidore. S. Augustin, Sermon 176, al 10, de verb. Apostol. Le concile de Tolède, can. 4 ; le concile de Carthage, & les anciens Sacramentaires donnent le nom d’Apôtre aux Epîtres de S. Paul. L’on avoit aussi des livres anciens qui contenoient les Evangiles, ou les Epîtres, selon l’ordre qu’on les lisoit à la messe pendant l’année. Il y en a un fort beau & fort ancien à l’abbaye de Chelles, qui contient tous les Evangiles de l’année selon la Vulgate.

Apôtres, chez les Juifs, étoient anciennement certains Officiers qu’ils envoyoient dans les provinces ; pour veiller à l’observation de la loi, pour lever l’argent qu’on donnoit, soit pour les réparations du temple, soit pour payer le tribut aux Empereurs, comme il paroît par la lettre de l’Empereur Julien aux Juifs, citée au mot Apostole. Le Code Théodosien, Liv. XIV. De Judæis, les appelle Apostoli, qui ad exigendum aurum atque argentum à Patriarcha certo tempore diriguntur. Voyez aussi la loi 18. Ibid. Les Juifs les nommoient שליחין Schelihhin, c’est-à-dire, envoyés. Ils étoient inférieurs aux Officiers de la Synagogue nommés Patriarches, qui les envoyoient comme des Commissaires dans toute l’étendue de leur district, & ils avoient juridiction de Légats ou d’Envoyés. Quelques Auteurs ont remarqué que S. Paul l’avoit été, & que c’est à cela qu’il fait allusion au commencement de son Epître aux Galates, comme s’il eût dit : Paul, non plus Apôtre de la Synagogue, & envoyé par elle, pour maintenir & avancer la loi mosaïque ; mais maintenant Apôtre & Envoyé de Jésus-Christ, &c. S. Jérôme, sans dire que S. Paul l’ait été, croit au moins qu’il fait allusion à ces Apôtres de la Synagogue. S. Epiphane, Hér. 30, parle de ces Apôtres des Juifs, & dit qu’ils étoient en grande vénération. Voyez aussi Baronius à l’an 32 de Jésus-Christ. Honorius défendit aux Juifs ces sortes de levées, & ces Apôtres, par la loi que j’ai citée. Voyez Godefroy sur la même loi. Cet Auteur croit que les noms d’Apôtres & de Patriarches n’ont commencé à être en usage parmi les Juifs, qu’après la destruction de Jérusalem. Voyez encore M. de Tillem. Hist. des Empereurs Tom. I. pag. 673.

Papias appela Apôtres, les Hérétiques nommés communément Apostoliques, dont nous avons parlé. S. Augustin leur donne le même nom, & dit qu’ils faisoient profession de ne rien posséder en ce monde. S. Bernard crie aussi avec force contre les Hérétiques de son temps, qui se nommoient Apôtres. Voy. Apostolique.

Le peuple appelle aussi Apôtres, des Confreres ou Pénitens qui vont les pieds nus aux processions du S. Sacrement, & en d’autres solemnités. En Portugal, & aux Indes, à Goa, on appelle les Jésuites, Apôtres. Des fruits si visibles & si merveilleux firent regarder les deux Missionnaires (Xavier & Rodriguez) comme des hommes envoyés du Ciel, & remplis de l’esprit de Dieu. Aussi tout le monde leur donna-t-il le surnom d’Apôtres, & ce titre glorieux est demeuré à leurs successeurs dans le Portugal. Bouh. Vie de Saint Franc. Xav. Liv. I. Dans l’arsenal de Brême, il y a 12 pièces de canon qu’on appelle les douze Apôtres ; supposant que tout le monde doit acquiescer à la prédication de pareils Apôtres.

Apôtres, chez les Protestans, sont de jeunes ministres, qui ont été reçus par provision, en attendant qu’ils soient appelés au service de quelque Eglise, afin qu’il y en ait toujours de prêts à remplir les places vacantes, & qu’ainsi les Eglises ne demeurent pas sans Pasteurs. Cela se pratique ordinairement à Genève, & en plusieurs endroits de la Suisse.

On dit proverbialement & ironiquement, de quelqu’un qui se lache sous un extérieur réservé. C’est un bon Apôtre.

On appeloit autrefois Apôtres, les Lettres dimissoires données à un Appelant par le Juge, à quo, adressées au Juge d’appel, par lesquelles il le certifioit de l’appel interjetté, & lui en renvoyoit la connoissance, sans quoi il n’étoit pas permis de le poursuivre par l’ancienne rigueur du droit ; ce que l’article 117 de l’Ordonnance de 1539 a aboli. Provocationis indices, & dimissionis testes Litteræ. Le temps limité pour obtenir ces Lettres étoit de trente jours ; au lieu de quoi on a introduit les désertions. Cette formule de Lettres dimissoires appelées Apôtres, a été plus long-temps en usage dans la Juridiction ecclésiastique. Il y en avoit de cinq sortes. On appelle Apôtres les Dimissoires, lorsqu’ils ont été expédiés par le Juge dont est appel, & qu’il renvoie l’appelant au Juge supérieur : Reverentiaux, lorsqu’ils ont été donnés seulement par révérence pour le supérieur : Refutatoires, lorsque le Juge à quo ne veut point déférer à l’appel, qui lui paroît frivole, & illusoire : Testimoniaux, lorsqu’en l’absence du Juge l’appel est interjetté devant un Notaire : Conventionnaux, lorsque, par le consentement des parties, l’appel est dévolu au Juge supérieur. Ce style a été aussi supprimé dans les Cours ecclésiastiques après l’Ordonnance de 1539. On appeloit encore autrefois Apôtres, les Lettres dimissoires que l’Evêque donnoit à un Laïc, ou à un Clerc qui se transportoit dans un autre diocèse pour y être ordonné. Voyez Cujas, Souchet, le commentaire de, M. Bourdin sur l’art. 117, de l’Ordonnance de 1539, &c.

Ce mot vient du grec ἀπόστολος, qui signifie un homme envoyé, du verbe ἀποστέλλειν, envoyer ; d’Apostolus, on a dit d’abord Apostole. Le Duc de Bretagne Jean II, dans son Testament, dit, « Et requier & pri mon cher Pere espituel l’Apostiole de Rome. » Geoffroy de Villehardouin a dit l’Apostoile de Romme. Ensuite on a dit Apostole. Henri III, Roi d’Angleterre, dans un acte de l’an 1266 rapporté par D. Lobineau, Hist. de Bret. T. II, p. 409, dit : « Le Jur de Jouedy prochein devaunt la feste S. Barnabé l’Apostle. » Puis enfin Apôtre, changeant la lettre l, en r, comme en beaucoup d’autres mots.

☞ APÔTRES. (Onguent des) Voyez Apostolorum.

APOTROPÉEN, ENNE. adj. Averruncus, malorum depulsor. Celui qui détourne quelque chose de mauvais. Ce nom est grec Ἀποτροπαιος, & vient d’ἀποτρέπω, je détourne, composé d’ἀπὸ, & de τρέπω, je tourne. C’est une épithète que les anciens Païens donnoient aux Dieux, qui, selon leur idée, détournoient d’eux les maux qui les menaçoient : on les appeloit aussi Ἀλεξίϰαϰοι. Les Latins les appeloient Averrunci, du mot averruncare, détourner. Voyez le P. Kirker, Tom. III, p. 487, sur les Dieux Apotropéens des Egyptiens.

APOUILLE. s. f. Apulia. On trouve Apolia dans la vie de S. Potit, le 13 Janv. Bolland. Tom. I, p. 757, mais d’autres exemplaires lisent Apulia. Voy. Pouille.

APOYOMATLI. s. m. Herbe de la Floride. Ses feuilles ressemblent à celles des porreaux, un peu plus longues, & plus déliées. Son tuyau est comme celui du jonc. Cette racine a une saveur aromatique. Les Espagnols en font une poudre qu’ils prennent avec du vin pour la gravelle. Elle excite l’urine ; elle appaise les douleurs de la poitrine, & guérit les affections de la matrice.

APOZÈME. Voyez Aposème.

APP.

APPAISEMENT. Voyez Apaisement.

APPAISER. Voyez Apaiser.

☞ APPANAGE & APPANAGER. Voyez Apanage & Apanager.

APPARAT. s. m. Eclat ou pompe qui accompagne cer-