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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/844

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CON

Consommer (Faire) de la viande, c’est la faire bouillir assez long temps, pour que les sucs qui en sont exprimés forment une espèce de gelée avec le bouillon. Succum ex decoctis carnibus exprimere. Il faut faire consommer la viande pour faire de la gelée. Les Chimistes ne peuvent tirer des essences des corps que les substances ne soient entièrement consommées.

Consommer signifie aussi achever, finir, terminer. Perficere, absolvere, consummare. Il faut consigner encore quatre vacations pour consommer, pour faire juger cette affaire. Jesus-Christ dit en mourant que tout étoit consommé ; pour dire, que toutes les Prophéties étoient accomplies.

Consommer signifie, dans le même sens, venir au dernier but du mariage. Un mariage n’est point parfait, jusqu’à ce qu’il soit consommé.

Consommer, en termes de Jurisprudence Canonique, signifie remplir son droit. Un Collateur consomme son droit, quand il confère un bénéfice à une personne, quoiqu’indigne.

☞ On ne dit point consumer pour consommer. Personne ne s’avise de dire consumer le mariage, une vertu consumée : l’abus est de dire par-tout consommer, même dans les cas où il faudroit dire consumer ; par exemple, consommer son bien, son patrimoine. On dit de même, presque par-tout, consommer la Sainte Hostie. Il faut absolument dire consumer. Le Prêtre consomme le Sacrifice, & consume l’Hostie. Cet abus s’est glissé dans plusieurs autres phrases. Bien des gens disent indifféremment consommer & consumer ses forces, consommer & consumer son bien. Néanmoins consommer ne veut point dire cela, mais accomplir, comme quand on dit consommer le mariage, une vertu consommée. Consumer, c’est détruire, anéantir un sujet. Consommer, c’est le mettre dans la dernière perfection.

CONSOMMÉ, ÉE. part. & adj. Perfectus, absolutus, consummatus ou consumtus, absumtus.

Consommé signifie encore parfait, très-profond. Perfectus, cumulatus, in aliquâ re versatissimus. C’est un homme consommé en vertu, en science, en expérience. Toute la gloire qui peut rendre un Evêque consommé dans les souffrances, étoit renfermée en la personne d’Ozius. Herman. Le Politique le plus consommé n’auroit pu prendre de plus justes mesures. S. Evr. S. François de Sales étoit un Saint consommé dans la vie intérieure & contemplative. Fenel.

CONSOMPTIF, IVE ou CONSUMPTIF, IVE. adj. terme de Médecine & de Chirurgie, qui se dit des remedes qui ont la force de consumer les humeurs ou les chairs. Consumptivus, a, um. Les pierres à cautère, l’eau phagédénique sont des remèdes consomptifs. Burlet. Acad. des S. 1700. Mem. p. 122. On dit aussi substantivement, des consomptifs, pour des remèdes consomptifs, comme on dit des dessicatifs, des lénitifs, &c.

CONSOMPTION. s. f. c’est le même que consommation ; & il se dit presque des mêmes choses qui se consument. Consumptio. Il se fait une grande consomption de vivres dans cette maison, dans cette ville. La consomption des espèces Sacramentelles dans l’Eucharistie. Le Critique du Dictionnaire de l’Académie soûtient qu’on ne doit point confondre ces deux mois, consomption & consommation. Voyez Consommation & Consommer.

Consomption est aussi une certaine maladie de langueur, ☞ espèce de phtisie fort ordinaire en Angleterre, qui consume & dessèche le poumon, les entrailles, & cause enfin la mort. Consumptio. On croit qu’elle est causée par la vapeur du charbon de mine qu’on brûle en ce pays.

CONSONNANCE. s. f. terme de Musique, union, convenance de deux sons, l’un grave, & l’autre aigu, qui se mêlent avec une certaine proportion, en sorte qu’ils font un accord agréable à l’oreille. Convenientia, consonantia. Consonnance mixte. Consonnance parfaite, imparfaite, doublée, triplée, &c. L’unisson est la première des consonnances. La seconde consonnance est l’octave. La troisième, la quinte, & ensuite la quarte, les tierces & les sixièmes majeures & mineures. Les autres sont les doubles ou répétitions de celle-là. Il n’y a que sept ou huit consonnances simples.

Les consonnances majeures sont celles qui surpassent les mineures d’un demi-ton. Les consonnances mixtes sont celles qui sont tantôt majeures & tantôt mineures. Lancelot. Les quartes & les quintes sont les consonnances les plus considérables. Id. Les consonnances parfaites sont l’unisson, l’octave & la quinte, & leurs répliques.

Nivers, dans son Traité de la composition de la Musique, rejette l’unisson du nombre des consonnances, parce que toute consonnance est entre des tons différens en nombre & en espèce ; mais l’usage a prévalu. Le même Auteur distingue deux sortes de consonnance, les parfaites & les imparfaites. Les parfaites, sont la quinte & l’octave. Les imparfaites sont, la tierce & la sixième, qui se divisent en majeures & mineures.

Plusieurs anciens Musiciens ne mettoient point l’unisson au nombre des consonnances, parce qu’ils regardoient la consonnance comme un mêlange agréable de sons dissemblables, graves & aigus, qui frappent doucement l’oreille. Les consonnances se divisent en simples & en composées : les consonnances simples sont celles en la proportion desquelles les deux extrêmes sont tellement ordonnés entr’eux, que telle proportion ne peut être divisée par un terme mitoyen : les consonnances composées sont celles qui peuvent être divisées en une autre proportion par un terme mitoyen. P. Parran. Toute consonnance est parfaite ou imparfaite ; les parfaites sont trois, l’unisson, le diapente, & le diatessaron : elles sont parfaites, parce qu’elles ne sauroient recevoir de changement, ou altération, sans quelque mauvais effet ; les imparfaites sont le diton, le semi-diton, l’éxachorde majeur, & l’éxachorde mineur : on les nomme imparfaites, parce qu’étant comparées aux autres, elles ne sont pas si parfaites, & parce qu’elles peuvent recevoir quelque altération, en diminuant ou en augmentant. Id. C’est l’oreille qui doit faire le rapport des sons à la raison, afin qu’elle juge de la bonté des accords, & de la justesse des consonnances. Lancelot.

Consonnance dissonnante. Tout accord dissonnant ne peut être composé que de l’union des consonnances ; & c’est de la comparaison que l’on fait de deux consonnances prises en particulier dans un accord que se forme la dissonnance ; ainsi dans l’accord de la septième, composé de l’union de deux quintes & de trois tierces l’on trouvera que les deux sons extrêmes sont dissonnans entr’eux, puisqu’ils ne font ni quinte, ni tierce ensemble, & qu’ils font au contraire septième ou seconde par renversement. Il ne faut pas examiner seulement les intervalles qui se trouvent entre la basse & les autres sons d’un accord, sans avoir égard aux différens intervalles que tous les sons peuvent former ensemble en les comparant les uns aux autres, de sorte que l’on prend quelquefois pour consonnant un son qui est en effet dissonnant. Par exemple, dans l’accord de la petite sixte, il ne se trouve que trois consonnances qui sont la tierce, la quarte & la sixte ; mais si l’on confronte la tierce avec la quinte, l’on trouvera que ces deux sons forment dissonnance ensemble. Pareillement dans l’accord de la grande sixte, il se trouve trois consonnances, qui sont la tierce, la quinte & la sixte, où l’on trouvera encore une dissonnance entre la quinte & la sixte. Donc ces consonnances sont dissonnantes entr’elles, & il ne reste plus qu’à savoir distinguer celle qui forme la dissonnance, ce qui est facile, en rapportant ces accords à leur fondement, où l’on verra que dans l’accord de la petite sixte c’est la tierce qui forme la dissonnance & que dans celui de la grande sixte c’est la quinte ; puisque cette tierce & cette quinte sont en effet la septième du son fondamental de l’accord de la septième, dont ces deux dernières dérivent. Rameau. Pour connoître les consonnances qui doivent être