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DEI

ajoutent aux deux repas ordinaires, le déjeûner & le goûter. Lemery. Ils trouvèrent un bon déjeuner qui les attendoit, & qu’ils mangèrent de fort bon cœur, bénissant Dieu, qui ne leur avoit pas fait manger leur pain blanc le premier. Racine.

Qu’un ample déjeûné
Long-temps nous tienne à table, & s’unisse au dîné. Boil.

On appelle déjeûné-dîné, un grand déjeûné qui ne permet pas de dîner. On dit déjeûné de Clercs, dîner de Procureurs, collation de Commères, souper de Marchands.

Déjeuner, se dit figurément & dans le style familier, en parlant de quelque chose dont on croit qu’on viendra facilement à bout, qui ne peut pas résister long-temps. Cette place ne peut pas tenir long-temps : il n’y en a pas pour un bon déjeûner. Res aliqua levioris momenti ac ponderis. Il a eu peu de bien de sa femme, il n’y en a pas pour un bon déjeûner.

DEIFICATION. s. f. Terme du Paganisme. Action ou cérémonie par laquelle on déifioit les Empereurs, on les mettoit au rang des Dieux, on leur décernoit les honneurs divins. Apotheosis, consecratio, in numerum Deorum relatio. C’est le même qu’Apothéose. Cette coutume qu’avoient les Romains de déifier leurs Empereurs fit dire à Vespasien lorsqu’il se sentit près de mourir : Je sens bien que je deviens Dieu.

Eusèbe, appuyé sur le témoignage de Sanchoniathon, rapporte que dans les premiers temps ceux qui s’étoient distingués par leur sagesse, leur force, ou leur valeur ; & ceux qui avoient contribué d’une manière éminente au bien de la société, ou à qui les arts étoient redevables de leurs progrès, avoient été déifiés de leur vivant, ou immédiatement après leur mort. Essai sur les Hiérogl. p. 312.

DÉIFIER, v. a. Mettre au rang des Dieux. In numerum Deorum referre. Les Romains ont déifié la plupart de leurs Empereurs.

Déifier, se dit aussi figurément de ceux qu’on loue par excès, & qu’on veut faire passer pour des Dieux. Extollere supra modum. Tout Poëte déifie ses Héros, ses Mécénes, ses Maîtresses.

Déifié, ée. part.

DÉIFIQUE. adj. m. & f. Vieux mot. Qui a la vertu de déifier, de rendre semblable aux Dieux ; excellent, admirable. O déifiques doublons d’Espagne, qui avez eu cette efficace de nous faire tous rajeunir & renouveler en une meilleure vie ! s’écria l’Archevêque de Lyon dans sa Harangue, p. 68. du 1. t. de la Sat. Ménip.

Déifique. Divin, parfait en son genre. Divinus, deificus a unm.

Hauts Empereurs, Princesses magnifiques,
Laides & laids, visages déifiques. Marot.

DÉILE. s. m. Voyez Déel.

☞ DÉINCLINANT, DÉINCLINÉ. adj. Terme de Gnomonique. Cadrans déinclinans ou déinclinés sont ceux qui déclinent & inclinent, ou réclinent tout-à-la-fois, c’est-à-dire qui ne passent ni par la ligne du zénith, ni par la commune section du méridien avec l’horison, ni par celle du premier vertical avec l’horison. Encyc.

☞ DÉINOUR. Ville de l’Iraque Persienne, près de la ville de Hamadan. Long. 85. deg. sept. 35. deg. selon les Tables des Arabes.

DÉINSE. s. m. Petite ville des Pays-Bas. Deinsa, Donsa. Déinse est fortifiée. Il est dans la Châtellenie de Courtray en Flandre sur le Lys.

☞ DÉJOINDRE. v. a. Particulièrement usité en parlant des ouvrages de Charpenterie, de Menuiserie & de Maçonnerie. Séparer ce qui étoit joint ; faire que ce qui étoit joint ne le soit plus. Disjungere. Le hâle a déjoint ces ais.

☞ Il est souvent employé avec le pronom personnel. Les pierres de cette voûte commencent à se déjoindre. Le bois vert qui est employé dans les ouvrages de Menuiserie se déjoint, se déjette, quand il travaille, quand il devient sec. Quand les tableaux peints sur du bois se déjoignent, tout l’ouvrage est défiguré.

Déjoint, ointe, part.

DEJOPÉ. s. f. Fille d’Asius, une des Nymphes compagnes de Cyrêne, mère d’Aristée.

DÉJOUER, en termes de Marine, se dit d’un pavillon, d’une flamme, d’une girouette qui voltige au gré du vent. Circumferri vento. Le pavillon déjoue.

DÉIPHILE. s. f. Fille d’Adraste, Roi d’Argos, devoit épouser un sanglier, suivant l’oracle d’Apollon, qui se vérifia en ce sens qu’elle épousa Tydée, qui portoit une peau de sanglier.

DÉIPHOBE. s. m. Fils de Priam, après la mort de son frère Paris, épousa la belle Hélène. Cette femme le trahit, la nuit de la prise de Troye, elle introduisit dans son appartement Ménélas & Ulysse qui le tuèrent. Enée à son retour des enfers lui éleva un monument.

Déiphobe. s. f. C’est le nom de la Sibylle de Cumes, fille de Glaucus, & Prêtresse d’Apollon. Cette Sibylle rendoit ses oracles du fond d’un antre qui étoit dans le temple d’Apollon. Cet antre avoit cent portes, d’où sortoient autant de voix terribles qui faisoient entendre les réponses de la Prophétesse. Déiphobe étoit aussi Prêtresse d’Hécate qui lui avoit confié la garde des bois sacrés de l’Averne. C’est pour cela qu’Enée s’adresse à elle pour descendre aux enfers. Les Romains élevèrent un temple à cette Sibylle dans le lieu même où elle avoit rendu ses oracles, & l’honorèrent comme une Divinité.

DÉIPNOSOPHISTE, ou DIPNOSOPHISTE, s. m. Qui fait des leçons de Philosophie à table, qui moralise à table. Deipnosophista. Un Déipnosophiste dans Athénée fait venir la coutume de porter des couronnes, de la permission qu’en donna Jupiter à Prométhée, & montre que ce qui a depuis fait tant d’honneur aux hommes, n’a été donné en premier lieu que pour une peine. Baudelot, Hist. de Ptolémée Aul. L. II. C. VIII. p. 339.

DÉISME. s. m. Doctrine de ceux qui, pour toute Religion, croient qu’il y a un Dieu, & se bornent à suivre la loi naturelle. Hæresis eorum qui Deo, quem fatentur existere, nullum cultum exhibent, nisi ut libet. Deistarum Hæresis.

DÉISTE. s. m. Homme qui n’a point de Religion particulière, mais qui reconnoît seulement l’existence d’un Dieu, sans lui rendre aucun culte extérieur, en rejetant toute sorte de révélation. Nullius cultor religionis & in solâ Dei existentis confessione conquiescens ; Deista. Les Déistes soutiennent que le plus certain est d’en revenir à la simplicité de la nature, & à la créance d’un Dieu unique, qui est la seule vérité reconnue du consentement de tous les hommes. Ils prétendent que la liberté de la raison est opprimée sous le joug de la Religion, & que les esprits sont tyrannisés par la nécessité qu’on leur impose, de croire des mystères inconcevables, comme si Dieu pouvoir dispenser d’un culte sincère & véritable ceux qui le reconnoissent pour tel. On appelle plus particulièrement Déistes, des gens qui ne sont point tout-à-fait sans Religion, mais qui rejettent toute révélation, croyant seulement ce que la lumière naturelle démontre, qu’il y a un Dieu, une Providence, des récompenses pour les bons, & des châtimens pour les méchans ; qu’il faut honorer Dieu, mais chacun à sa manière & selon sa volonté, comme on convient, disent-ils, que les premiers hommes l’ont fait jusqu’à Moïse ; comme si, supposé que Dieu ait révélé des vérités, & qu’il ait prescrit un culte qu’il veuille qu’on lui rende, on pouvoit ne lui pas obéir ; ou que la révélation pût être douteuse après toutes les preuves que nous en avons.

DÉITÉ. s. f. Terme de Poësie, qui a été appliqué aux Dieux & aux Déesses des Payens. Divinitas. Jupiter, Apollon, Junon & Minerve, étoient les Déités des Ido-