Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
CUR

qu’ils donnent à leurs chiens. Smegmaticas glandes vomere, reddere.

Curé, ée. part.

CURES. s. m. pl. Vieux mot qu’on a dit pour signifier des charriots. Il vient du Latin currus.

CURÈTES. s. m. pl. Peuple de l’Île de Crète, qu’on appeloit autrement Corybantes. Ils étoient, disent quelques Auteurs, originaires du mont Ida en Phrygie, & on les nommoit encore pour cela Idæi Dactyli. Pour le nom de Curètes, on le leur dona, dit Strabon, parce qu’ils se coupoient les cheveux par devant, afin de ne point donner de prise à leurs ennemis, car ce nom en Grec, Κουρῆτες, & vient de Κουρά, qui signifie l’action de couper les cheveux, de κείρω, tondeo. D’autres disent que ce nom leur fut donné de Κουροτροφία, qui signifie nourriture d’un enfant, parce qu’ils furent les nourriciers de Jupiter, selon la fable. Ovide dit qu’ils naquirent d’une grande pluie. Lucien & Diodore de Sicile sont les seuls qui disent qu’ils avoient l’art de lancer des flêches ; tous les autres ne leur donnent pour armes, que des boucliers & des piques. Tous leur donnent aussi des tambours de basque, & rapportent qu’ils avoient coutume de danser au bruit des armes & de leurs tambours. Quelques-uns prétendent qu’ils étoient Etoliens d’origine. On dit encore qu’ils quittèrent l’Île de Crète, & qu’ils allèrent s’établir dans la Grèce au-dessus du fleuve Achéloüs, où, parce qu’ils avoient les cheveux coupés par devant, on les appela Acarnanes.

Autre opinion. Les Curètes, si fameux parmi les Titans, & qui eurent soin de l’éducation de Jupiter, & du corps desquels fut Crès son frere, les Curètes n’étoient autre chose du temps de Saturne, de Jupiter & des autres Titans, que ce qu’ont été dans les siècles suivans les Druides & les Bardes si célèbres parmi les Gaulois. C’étoient les Prêtres & les Sacrificateurs, qui avoient soin de ce qui regardoit la Religion & le culte des Dieux. Et, comme on s’imaginoit alors que l’on communiquoit avec les Dieux par l’art des divinations & des augures, & par les opérations de la Magie, cela étoit cause que tous ces Curètes étoient Magiciens, Devins, & Enchanteurs, comme on l’a fort bien reconnu. Ils joignoient à cela la science des Astres, de la Nature & de la Poësie ; ainsi ils étoient encore Astronomes, Physiciens, Poëtes & Médecins. Voilà quels ont été les Curètes, & après eux les Druides ; avec cette différence, que les Curètes, du temps des Titans, ne manquoient pas d’aller à la guerre : c’est pourquoi ils étoient armés ; ils sautoient même, & dansoient si habilement avec leurs armes, frappant leurs boucliers de leurs javelots, que c’est de ce frappement, si j’ose ainsi parler, qu’ils ont été appelés Curètes ; car curo, en langue Celtique, est la même chose que le κούρω des Grecs, qui en a été formé par la transposition d’une lettre. Pezron. Selon le P. Kirker les Curètes sont dans Orphée ce que sont les Puissances dans Saint Denis, le רוחות, ou Esprits chez les Cabalistes, les Anges chez les Platoniciens, & les Génies chez les Egyptiens.

Vossius distingue trois sortes de Curètes ; ceux d’Étolie, ceux de Phrygie & ceux de Crète, qui étoient originaires de Phrygie, & une espèce de colonie, de ceux-ci, que Rhéa fit venir de Phrygie dans l’île de Crête, lorsqu’elle fut prête d’accoucher de Jupiter. Le nom de ceux d’Étolie vient de κουρά, tonsure, & il leur fut donné parce que, depuis que dans un combat leurs ennemis les prirent par leurs cheveux qu’ils portoient fort longs, ils se les coupèrent. Ceux de Phrygie & de Crète furent appelés Curètes, de κοῦρος, jeune homme, parce qu’ils étoient jeunes, ou parce qu’ils élevèrent Jupiter encore jeune. Vossius, De Idolat. L. II. C. 53. au commencement.

CURÉTIDE. Ancien nom de l’Ile de Crète, aujourd’hui Candie. Curetis. Elle avoit pris ce nom des Curètes, qui l’habitoient. Voyez Curète.

☞ CURETTE. s. f. Instrument de Chirurgie, fait en forme de petite cuiller alongée, dont on se sert pour ramasser & tirer de la vessie les matières étrangères, les fragmens de pierres, les sables qui peuvent demeurer dans la vessie après l’extraction de la pierre.

Curette, est aussi un terme de Couverturier. C’est un petit instrument qui a un manche de bois & des dents de fer, dont on se sert pour curer les chardons qui sont remplis de laine.

Curette. Terme de Mécanique. C’est un instrument de fer, court & plat, & emmanché de dix ou douze pieds de long, qui sert à nettoyer la pompe après qu’on l’a percée.

Curette. Terme d’agriculture, instrument qui sert à nettoyer le coutre de la charrue. Rulla, æ, ou rullum.

CUREUR. s. m. Celui qui cure les puits, les canaux, les retraits. Foricarius. Cureur de puits. Purgator putei, latrinarum, &c.

CUREURES. Voyez Curures.

CURIAL, ALE. adj. Qui concerne la Cure. Curialis. Ce Prieur fait toutes les fonctions Curiales dans son bénéfice. Les droits Curiaux sont dus au Curé à Pâque, ils étoient anciennement taxés à un blanc, ou cinq deniers par chaque chef de famille.

Curial, signifioit autrefois : Qui appartient à la Cour, qui est à la Cour. Les Clercs Curiaux étoient les Ecclésiastiques qui étoient à la Cour.

Curial. s. m. On appelle dans les Coutumes de Bresse, & dans les Ordonnances anciennes pour cette Province, du nom de curiaux, des Officiers de ville qui servent de scribes sous les Châtelains & Officiers des lieux. Curialis, scriba urbanus.

☞ Chez les Romains le mot de Curialis, adj. signifioit, qui est de la même Curie, ou ce qui concerne une Curie.

☞ Le même mot pris substantivement, signifioit le chef d’une Curie.

CURIATIUS, CURIATIA. s. m. & f. Nom propre d’une famille Romaine. Gens Curiatia. Denys d’Halicarnasse, L. III. dit que la famille Curiatia étoit plébéienne, originaire d’Albe, & que c’étoit le Roi Tullus Hostilius qui lui avoit donné le droit de bourgeoisie Romaine. On ne lui voit point d’autre prénom sur les médailles & dans les inscriptions, que C. Caïus. Les Trigeminus étoient de la famille Curiatia ; car les médailles ont d’un côté une quadrige conduite par une figure qui tient de la main gauche une petite figure ailée, ou une espèce de masse d’armes, & qui est couronnée par la victoire avec ces mots, c. cur. f. ou g. cur. seulement, & dans l’exergue Roma. De l’autre côté la tête de Rome armée d’un casque ailé, & terge.

CURIE. s. f. Portion, subdivision de la Tribu chez les Grecs & chez les Romains. Curia. Du temps de Romulus, une Tribu étoit composée de dix Curies, c’est-à-dire de mille hommes. Romulus divisa le peuple en trente Curies. Ensuite on appela Curia, Curies, ou Domus Curialis, Maison Curiale, le lieu ou chaque Curie tenoit ses assemblées. De-là ce nom Curia passa au lieu où le Sénat se tenoit ; & c’est de là qu’est venu le nom de Cour, Curia, pour signifier tout corps de Juges, ou de Magistrats. Le peuple s’assembloit par Curies. Curiatim. Voyez Vigenere sur T. Live, T. I p. 1035.

Quelques Canonistes dérivent le mot Curia, Curie de Cruor. Je n’en vois pas la raison. Varron dit qu’il vient de Cura, soin, comme qui diroit une assemblée de gens chargés du soin des affaires publiques, ou qui se tient pour en prendre soin, d’autre prétendent qu’il vient du Grec, & qu’on appeloit à Athènes Κυρία, le lieu où le Magistrat tenoit ses assises, & où le peuple avoit coutume de s’assembler. Κυρία venoit de κῦρος, autorité, pouvoir, comme si l’on avoit voulu appeler ce lieu le lieu du pouvoir, le siège de l’autorité, parce que c’étoit là que se créoient les Magistrats, que se faisoient les loix, que se rendoit la justice. Les Romains prirent ce nom des Grecs, comme beaucoup d’autres.