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Beethoven l’a inscrit en tête du presto final de la Sonate, op. 27, no 1, de l’allegretto final du 11e Quatuor, op. 95, etc. ; Chopin, en tête de l’Étude, op. 25, no 4, des Préludes, op. 28, nos 1, 8 et 22, etc.

Agnus Dei. Le cinquième des chants à texte invariable qui constituent la partie chantée par le chœur dans l’ordinaire de la messe, selon la liturgie romaine. Il y fut introduit, à l’imitation des rites de la messe grecque, par le pape Serge Ier, au viie s. Les reprises du texte et de la mélodie semblent avoir été d’abord aussi nombreuses que l’exigeait la durée de la cérémonie du baiser de paix ; puis l’habitude s’établit de les borner à trois, dont la dernière se terminait par les mots « dona nobis pacem », et qui recevaient chacune une mélodie différente, de plus en plus ornée. Le répertoire du chant grégorien contient un grand nombre d’A., appartenant à des messes qui répondent chacune à une solennité particulière. Dès les débuts de l’art polyphonique, les compositeurs établirent le principe de l’unité de thème entre toutes les parties d’une messe, mais en donnant à chacune une signification spéciale. Pendant tout le xvie s., les successeurs d’Ockeghem, jusqu’à Palestrina, conservèrent à l’A. de brèves dimensions, avec une variété de formes entre ses trois reprises, souvent obtenue par le traitement en duo de la seconde et une allure plus brillante de la troisième. Lorsque, à l’époque moderne, avec l’introduction de l’orchestre, le style dramatique eut fait irruption dans la musique des messes, l’A., tout en se prêtant peu, par son texte, aux longs développements, participa largement à l’extension des moyens d’effet. Dans la Messe en si mineur, de Bach, il se divise en deux morceaux fortement contrastés : un air de contralto, sur les paroles des deux premiers « Agnus », et un chœur en fugue serrée, qui supprime la moitié du texte, dans le troisième, pour se dérouler uniquement sur les mots « dona nobis pacem » et clore la partition par de riches formules vocalisées. Beethoven, dans la Messe en , a fait de l’A. et du « Dona nobis pacem » une splendide symphonie vocale et instrumentale qui déborde tous les cadres liturgiques, mais qui donne une saisissante intensité à l’expression du sentiment religieux.

Agogique, n. f. Néol. proposé (sous la forme all. Agogik) par H. Riemann (1884) pour désigner la doctrine du mouvement dans l’exécution musicale.

Agrégation, n. f. En physique, selon Littré, « assemblage de parties sans liaison ». En musique, chez les théoriciens modernes, accord dissonant qui échappe aux catégories fixées ; chez les plus récents auteurs, synonyme d’accord.

Agrément, n. m. Nom donné par les chanteurs et instrumentistes français des xviie et xviiie s. à des formules d’ornementation mélodique qui s’ajoutaient à la note écrite et s’exprimaient par des signaux spéciaux. L’usage judicieux des A. constituait la « propreté du chant français » et s’enseignait sous le titre de « goût du chant ». Dans le jeu du luth et du clavecin, les A. suppléaient au peu de durée des sons de la corde pincée. Chaque maître plaçait, modifiait et figurait les A. d’après ses vues personnelles, si bien qu’il est malaisé d’en fixer la signification exacte à une époque donnée. L’étude et la comparaison des tables explicatives placées en tête des ouvrages pratiques et didactiques de ce temps est indispensable aux musiciens qui veulent interpréter les œuvres anciennes dans leur véritable style. L’Affilard (1635) énumère douze variétés d’A., d’Anglebert (1689) et Couperin (1717), chacun vingt-sept. Les A. les plus fréquemment employés étaient l’accent, l’arpègement, les diverses formes de cadences, la chute, le coulé, le pincé, les variétés de port de voix et de tremblement. (Voy. ces mots et Ornement.)

Aigle, n. m. Lutrin ou pupitre de chœur, tirant son nom d’une figure d’aigle aux ailes déployées, qui ornait sa colonne et qui était l’attribut symbolique de saint Jean l’Évangéliste. « Chanter à l’aigle » se disait au xviie s. dans le même sens que chanter au lutrin.

Aigu, adj. 2 g. Se dit des sons élevés de l’échelle.

Air, n. m. 1. Fluide invisible, élastique et compressible, qui est l’aliment de la respiration et le véhicule du son. Le courant d’air comprimé, engendré dans les tuyaux de l’orgue par le mouvement de chasse des soufflets, est appelé vent, de même que sont appelés instruments à vent ceux dans lesquels la colonne d’air est produite par le souffle humain. || 2. Toute mélodie ou thème facilement reconnaissable : « un air populaire », « un air de danse ». Toute mélodie servant de timbre (voy. ce mot), désignée par le titre de l’ouvrage dont elle est tirée ou par les premiers mots de son texte et sur laquelle on dispose de nouveaux couplets. (Voy. Chanson.)