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LETTRE SUR LES ATLANTIQUES

Platon introduit Critias dans un de ses Dialogues, racontant l’histoire de cette contrée dont il dit que la plus grande partie avait disparu sous les eaux.

Critias, grand-père de Platon, tenait cette histoire de son grand-père qui la tenait de son oncle, Solon, qui la tenait des prêtres de Sais en Égypte où il avait voyagé. C’était donc, comme vous voyez, une tradition moitié orale, moitié écrite, qui avait passé par six générations.

Platon proteste que son récit n’est pas une fable. Si les noms des chefs, des provinces, des frontières, des villes principales et des peuples voisins sont grecs dans sa description, il en apporte pour raison que Solon se proposant d’insérer dans son poëme ce qu’il avait appris des prêtres égyptiens sur l’Atlantide et ses habitants, avait traduit littéralement les noms égyptiens selon le sens qu’ils avaient dans cette langue, comme les Égyptiens les avaient traduits littéralement selon le sens qu’ils avaient dans la langue atlantique.

D’après cette réflexion de Platon, de quoi s’agit-il donc, sinon de comparer les noms propres répandus dans les deux Dialogues de Platon, avec les noms propres correspondants, répandus dans l’histoire des Israélites, et déjuger d’après cette comparaison, s’il est possible ou non que l’Atlantide et la Palestine aient été des contrées différentes, les Atlantiques et les Hébreux des peuples différents ?

Platon dit que l’Atlantide fut premièrement occupée par un nommé Évenor, et par sa femme Leucippe ; qu’ils eurent une fille appelée Clito et que Clito épousa Neptune et en eut Atlas et neuf autres fils auxquels Neptune distribua la contrée. Atlas l’aîné occupa la capitale et eut l’empire sur tous ses frères qui régnèrent souverainement dans leurs provinces.

Diodore fait descendre les Atlantiques d’un Uranus ; il leur donne Atlas pour fondateur. Il dit qu’Atlas n’eut qu’un frère appelé Saturne, mais qu’il eut plusieurs fils.

Qu’est-ce que cet Uranus ? C’est, répond M. Baer, Abraham, ainsi appelé, par les Égyptiens et par Diodore, du pays d’Ur, dont il était originaire.

Et Atlas ? C’est Jacob. Lorsque Jacob eut lutté contre le Seigneur, il lui fut dit : « Tu ne t’appelleras plus Jacob, mais