Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IX.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
LETTRE SUR LES ATLANTIQUES

ment avec joie ; leurs cris étaient mêlés de louange, de prières, de remercîment, d’invocation, et les prières nommaient presque toujours le nouveau-né d’après quelque circonstance de la naissance.

On objecte à M. Baer que les inductions étymologiques sont suspectes ; et il en convient en général ; que les langues orientales nous sont peu connues, et il en est assez fâché ; et qu’un même mot susceptible de plusieurs sens donne beau jeu à l’étymologiste, et il faut encore ici tendre les épaules.

On objecte encore à M. Baer que Jacob eut douze enfants, qu’il y eut douze tribus et qu’en confondant Atlas avec Israël ou Jacob, il lui manque trois frères de cette famille. Pourquoi n’y a-t-il dans Platon rien qui réponde à Lévi, à Manassès, à Éphraïm, à Benjamin et à Siméon ? C’est, répond M. Baer, que la tribu de Lévi n’eut pas de district ; que celles d’Éphraïm et de Manassès, fils de Joseph, furent comprises sous la dénomination de leur père, et qu’après le massacre de la tribu de Benjamin, ses restes se fondirent dans celle de Juda qui engloutit encore les enfants de Siméon, selon la prédiction qui leur en avait été faite.

Il faut convenir qu’ici l’histoire sert l’auteur assez heureusement. Il tire aussi bon parti de la date des expéditions des Atlantiques, de la contrée dont ils sont venus, et de celle où ils se sont arrêtés.

Critias dit dans le dialogue de Platon, d’après les prêtres de Sais, que depuis l’expédition des Atlantiques jusqu’au temps du voyage de son oncle, il s’était écoulé neuf mille ans. « Entendez, dit M. Baer, ces années de mois lunaires ; divisez neuf mille par douze et le quotient 750 différera d’un très-petit nombre d’années de l’intervalle de temps qu’il y eut vraiment entre l’entrée des Israélites dans la terre promise et le voyage de Solon en Égypte.

« Et pour vous assurer que les années égyptiennes ne sont que des mois lunaires, divisez par douze les vingt-trois mille ans que les Égyptiens comptaient depuis leur premier roi, le soleil, jusqu’à l’expédition d’Alexandre, et les 1916 ans que vous trouverez pour quotient, seront à très-peu de chose près, la distance réelle de ces deux époques. »

L’Égypte s’appelle aussi la terre de Cham ; le soleil fut,