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ET L’ATLANTIDE.

disent les Égyptiens, leur premier roi ; et selon Moïse, Mitzraïm, qui signifie en hébreu chaleur, ardeur du soleil, fut fils de Cham, fondateur du peuple égyptien.

D’où Critias ou Platon fait-il venir les Atlantiques ? De la mer de ce nom ; et il ajoute que pour atteindre la contrée qu’ils avaient à conquérir, ils avaient dépassé les colonnes d’Hercule. Qu’est-ce que ces colonnes d’Hercule ? Nous n’avons jamais entendu parler que de celles qui se sont trouvées dans le voisinage de Gibraltar ; et la mer qui baigne les côtes du Portugal, de l’Espagne et de l’Afrique, est la seule mer Atlantique que nous connaissions.

Pour satisfaire à ces questions l’auteur vous fait lire dans Strabon, que l’Arabie heureuse est située sur les bords de la mer Atlantique, et occupée par les premiers cultivateurs que la terre ait eus après les Syriens et les Juifs ; dans Hérodote, que la mer Atlantique dont il s’agit, est la même que la mer Rouge ; dans Denys le Periégète, que les Éthiopiens habitent l’Erythrie proche de la mer Atlantique ; dans le premier lexicon, qu’Érythros en grec signifie rouge, et qu’Édom en hébreu a la même signification ; et dans la Bible, que le pays d’Édom était situé entre la Palestine et la mer Rouge.

Critias raconte qu’au temps de l’expédition des Atlantiques, la mer de ce nom était guéable, et Diodore assure que de son temps les habitants voisins de la mer Rouge disaient, d’après leurs ancêtres, que les eaux de cette mer Atlantique s’étaient un jour partagées en deux, de manière qu’on pouvait en voir le fond.

« Donc, conclut M. Baer, il y a une autre mer Atlantique que celle que nous connaissons, et cette mer était certainement la mer Rouge. »

Cela se peut, monsieur Baer. Point de dispute. Mais nous prouverez-vous aussi qu’il y a eu d’autres colonnes d’Hercule que les nôtres ? — Sans doute, je vous le prouverai, dit M. Baër. — Voyons, monsieur Baer.

Hercule fut un des dieux de la Phénicie, l’Hercule phénicien s’appelait Chonos et la Phénicie, Chna ; ce qui rappelle à l’homme le moins attentif le Chenaan ou Chanaan de la Bible ; partout les Phéniciens élevaient des temples à leur Hercule, et dans tous ces temples il y avait deux colonnes, l’une consacrée au feu et l’autre aux nuées et aux vents. Il ne s’agit donc plus que de