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LETTRE SUR LES ATLANTIQUES

La bella cosa che la scienza etimologica, et ne parlez pas de ces merveilles à notre ami l’abbé Galiani, car la tête lui en tournerait.

Des gens difficiles à contenter objectent que Platon dit en cent endroits que l’Atlantide était une île et que la Palestine n’en est pas une ; mais ces gens-là ne savent pas que le mot I, en hébreu, signifie indistinctement île et demeure et qu’on dit même aujourd’hui l’Ile des Arabes.

Platon dit qu’au milieu du pays est une plaine belle et fertile qui décline en s’abaissant vers la mer et, proche de cette plaine, une petite montagne. M. Baer voit là exactement la situation de Salem, et à sa place vous verriez comme lui.

Le palais du roi et le temple des Atlantiques étaient sur cette montagne ; cela convient aussi aux Israélites.

Les Atlantiques n’avaient que trois ports et les Israélites non plus, Gaza, Joppé et un autre sur la mer Rouge[1].

M. Baer voit dans le récit de Platon et celui que Moïse fait de la fertilité du pays des conformités étonnantes.

Platon dit pourtant que l’Atlantide abondait en éléphants, et il n’y en eut jamais en Palestine. C’est que le mot grec Elephas qui n’est pas grec vient de l’hébreu Elaphim qui signifie bœuf. Les Phéniciens donnaient aux bœufs le nom d’Elaphim, et les Grecs et les Romains quelquefois aux éléphants le nom de bœufs.

M. Baer voit dans le temple de Jérusalem celui des Atlantiques ; il voit les sacrifices des Hébreux dans les leurs. Il est parlé d’une solennité générale et annuelle, c’est la pâque ; d’une colonne sur laquelle les lois étaient écrites, ce sont les tables mosaïques ; d’une imprécation contre les transgresseurs, Moïse avait ordonné la même chose.

Le temple des Atlantiques était consacré à Neptune et à Clito. Ce Neptune c’est l’ineffable Jehovah. Cette Clito dont le nom vient de Cleos qui veut dire gloire en grec, est la gloire de Jehovah, le Schechinah, ornement symbolique du temple de Jérusalem qui signifie aussi gloire de Dieu.

Je n’ai pu voir un grand rapport entre le gouvernement et les mœurs des Atlantiques et des Israélites, M. Baer y en voit beaucoup ; chacun a sa façon de voir.

  1. Éziongaber.