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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

âpre ne saurait geler les fluides de l’animal qui y est exposé, ni même diminuer sensiblement sa chaleur. Cette dernière assertion est fausse. Effets du froid de Russie.

Sans la vie rien ne s’explique, rien, ni sans la sensibilité, ni sans des nerfs vivants et sensibles.

Sans la vie, nulle distinction entre l’homme vivant et son cadavre.

vie propre a chaque organe.

La tête séparée du corps voit, regarde et vit.

mort successive de l’animal.

Il y a des parties qui, unies au corps, semblent mourir, du moins en masse. En vieillissant, la chair devient musculeuse, la fibre se racornit, le muscle devient tendineux, le tendon semble avoir perdu sa sensibilité ; je dis semble, parce qu’il pourrait sentir encore, lui, sans que l’animal entier le sût. Qui sait s’il n’y a pas une infinité de sensations qui s’excitent et s’éteignent dans le lieu ? Peu à peu le tendon s’affaisse, il se sèche, il se durcit, il cesse de vivre, du moins d’une vie commune à tout le système. Peut-être ne fait-il que s’isoler, se séparer de la société dont il ne partage ni les peines, ni les plaisirs et à laquelle il ne rend plus rien.

L’homme est d’abord fluide ; chaque partie du fluide peut avoir sa sensibilité et sa vie. Il ne paraît pas qu’il y avait une sensibilité, une vie commune à la masse.

A mesure que l’animal s’organise, il y a des parties qui se durcissent, qui prennent de la continuité. Il s’établit une sensibilité générale et commune que les organes partagent diversement.

Entre ces organes, les uns la conservent plus ou moins longtemps que d’autres.

Elle paraît proportionnée aux progrès de la dureté.

Plus un organe est dur, moins il est sensible ; plus il s’avance rapidement à la dureté, plus rapidement il perd de sa sensibilité et s’isole du système.

De tous les organes solides, la cervelle conserve le plus longtemps sa mollesse et sa vie. Je parle généralement.