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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

semblable à une espèce de gelée lorsque la partie aqueuse s’est évaporée.

Le chyle passe de la membrane veloutée[1] dans les veines lactées, absorbé par un orifice ouvert à l’extrémité du canal de chaque petit poil, d’où il entre dans un conduit qui commence à paraître dans la seconde membrane de l’intestin ; la réunion de ces conduits forme un vaisseau lacté avec velouté qui permet au chyle d’avancer et non de rétrograder.

Chaque vaisseau lacté aboutit à une glande, dans laquelle le vaisseau lacté, divisé en plusieurs branches, verse le chyle, qui exprimé de là par la contraction des vaisseaux et l’action des muscles du bas-ventre, est chassé dans un vaisseau lacté dont les petits rameaux vont former un tronc plus gros, traversant jusqu’à deux, trois, quatre fois différentes glandes et en côtoyant seulement quelques-unes sans y entrer.

On ne sait trop ce qui arrive au chyle dans ces glandes, on croit qu’il s’y délaye, car il y devient plus aqueux.

Il ne sort des dernières glandes que peu de vaisseaux lactés, grands, au nombre de quatre ou cinq au plus.

Ces vaisseaux montent avec l’artère mésentérique et se mêlent au plexus lymphatique qui vient des parties inférieures du corps et rampe au delà de la veine rénale, ensuite avec celui qui va se rendre, en passant derrière l’aorte, aux glandes lombaires et se joindre avec l’hépatique. Ce conduit ainsi formé se gonfle ordinairement sous la forme d’une bouteille, d’une grosseur remarquable, à côté de l’aorte, entre cette artère et le pilier droit du diaphragme.

Cette bouteille, longue de deux pouces et plus, se prolonge fréquemment dans la poitrine, au-dessus du diaphragme ; elle est conique de part et d’autre, on l’appelle le réservoir du chyle.

La lymphe gélatineuse des extrémités et du bas-ventre s’y mêle là et affaiblit la blancheur du chyle.

La bouteille comprimée par le diaphragme, battue par l’aorte, le chyle est poussé d’autant plus vite que l’orifice de la bouteille qui le contient est plus large que le conduit dans lequel il se décharge.

Ce canal s’appelle le canal thoracique, ainsi appelé de son

  1. Membrane de l’estomac. On donnait ce nom de velouté à toutes les membranes sur lesquelles se trouvent ce que nous nommons aujourd’hui des villosités.