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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

timent détruits ou suspendus par l’impression la plus légère qui se fasse à leur extrémité par une molécule d’opium.

D’où naît la distinction de deux sortes de maladies nerveuses : les unes qui portent le désordre à l’origine, les autres où le désordre de l’origine descend aux brins.

Presque point de maladie qu’on ne pût appeler nerveuse.

S’il y a force et vigueur à l’origine, et faiblesse, délicatesse aux brins, ceux-ci seront sans cesse secoués. S’il y a force et vigueur aux brins, et faiblesse, délicatesse à l’origine, autre sorte d’agitation. Deux manières dont l’harmonie générale de la machine peut être troublée.

Les nerfs sont dépouillés des enveloppes qu’ils reçoivent de la dure-mère à mesure qu’ils reçoivent plus de sensibilité ; ils sont même quelquefois privés de la lame extérieure de la pie-mère.

Alors ils s’épanouissent et forment des mamelons et des houppes.

La pie-mère et la dure-mère sont les épidémies et les peaux de la fibre animale.

Le velouté de l’odorat plus fin et plus sensible que celui du goût.

Le velouté de l’œil plus fin et plus sensible que celui de l’odorat.

L’atonie des nerfs, cause de stupidité, leur éréthisme, cause de folie.

C’est entre ces deux extrêmes que sont renfermées toutes les diversités des esprits et des caractères.

Le comédien Gallus Vibius devint fou en cherchant à imiter les mouvements de la folie. (Sénèq., liv. XI, Controv. 9.)

Les méninges sont toujours affectées dans la folie, l’apoplexie, le délire, l’ivresse.

Le professeur Meckel attribue, sur des expériences réitérées, le dérangement de la raison à la pesanteur spécifique du cerveau. Il résulte de ses observations que la substance médullaire de l’homme mort en bon sens est plus pesante que celle des animaux, et celle des animaux plus pesante que celle des fous[1].

  1. Cette opinion est difficilement soutenable et les termes de la comparaison trop généraux. Il s’agit ici de J. Fréd. Meckel, anatomiste allemand (1714-1774), et