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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

Quelque durs que soient les nerfs, ils s’amollissent dans les viscères, dans les muscles, dans les organes des sens avant que d’avoir à s’acquitter de leurs fonctions.

Comment les fibres nerveuses, qui ne sont tendues ni à leur origine, ni à leur fin, seraient-elles élastiques ou vibrantes ?

Les nerfs sont liés sur toute leur route aux parties dures par le tissu cellulaire.

Nerf coupé ne se rétrécit pas ; au contraire, loin que les deux parties se retirent, elles s’allongent et deviennent flasques, laissant échapper la moelle en forme de tubercule.

L’action d’un nerf irrité ne se porte jamais en haut. Cela est-il vrai ? Est-ce que la douleur ne dérange pas la tête ? Or si le nerf était creux, jamais en effet l’action ne se porterait en haut, elle se propagerait dans la direction de l’affluence du fluide.

Si le nerf est creux, flasque, non élastique et que sa force vienne d’un fluide, d’où ce fluide tient-il sa célérité et sa terrible énergie ? Qui est-ce qui le pousse avec tant de violence dans un canal indolent ?

Comment ce canal ne s’ouvre-t-il pas ? ses fibres n’étant unies que par le tissu cellulaire et graisseux ?

D’ailleurs point de trous vus au microscope, point de tumeur au nerf lié.

La matière électrique n’est pas retenue par les nerfs puisqu’on la communique, elle pénètre dans l’animal et distribue sa puissance aussi bien aux chairs qu’aux graisses et aux nerfs.

Les fibres génératrices du nerf viennent de toutes les parties du cerveau ; de là, il conserve encore sa fonction, même après la destruction d’une partie du cerveau ; de là, animal.

Cerveau, cervelet, moelle allongée, moelle épinière insensibles, et cependant lésion, compression suivies de délire et de mort.

Liez un nerf, la ligature intercepte la liaison entre l’origine du faisceau et la partie qui est au-dessous de la ligature.

Piquez la partie paralysée, elle se contracte et se meut.

Piquez le cœur d’un animal vivant, il a son mouvement.

Amputez ce cœur, piquez-le, mouvement ; coupez-le en morceaux, piquez-les, même phénomène.

Sur le champ de bataille, les membres séparés s’agitent comme autant d’animaux.