Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IX.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
332
ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

Je suppose que vous ne connussiez point la vipère et que, vous la montrant dans cet état mutilé, je vous demandasse ce que c’est que cela ; vous me répondriez sans hésiter : cela, c’est un animal vivant. Que signifie cet aveu, sinon que l’assertion contraire est la suite d’un préjugé que vous avez à défendre ?

sympathie des organes.

Chaque organe est un animal ; chaque animal a son caractère particulier. Il y a sympathie marquée entre le diaphragme et le cerveau.

Si le diaphragme se crispe violemment, l’homme souffre et s’attriste.

Si l’homme souffre et s’attriste, le diaphragme se crispe violemment.

Le plaisir et la peine sont deux mouvements différents du diaphragme.

Le plaisir peut dégénérer en peine. Ce tissu agité en sens contraire, comme il arriverait si l’homme recevait à la fois la sensation du ridicule et du pathétique, pourrait tuer l’animal. Je connais cet état par expérience. Je vis en rêve une procession ; deux hommes se jettent à travers cette procession, c’étaient deux amis qui s’étaient perdus de vue depuis longtemps ; l’un des deux revenait de la Chine : celui-ci se mourait entre les bras de l’autre ; et en même temps que j’étais frappé de ce spectacle touchant, j’entendais le maître des cérémonies qui criait : « Que cet homme ne mourait-il à la Chine ! c’était bien la peine de s’en venir de si loin troubler tout l’ordre de ma procession ! »

Si ces deux mouvements opposés, dont l’un tendait à dilater le diaphragme, l’autre à le contracter, eussent été un peu plus violents ou un peu plus longs, j’en périssais subitement.

L’eunuque veut jouir, comme celui qui a la main coupée veut prendre avec cette main qu’il n’a plus.

organes considérés comme animaux.

C’est qu’ils ont chacun leur enfance, leur jeunesse, leur âge de vigueur, leur vieillesse et leur décrépitude.