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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

le sourd qui n’entend pas ses cris ; celui qui a la fibre raide et racornie, et qui n’a que des sensations obtuses ; celui qui manque d’imagination et ne peut se rappeler le spectacle des événements passés, ne peuvent être doués ni d’une grande commisération, ni d’un goût bien exquis de la bonté et de la beauté, ni d’un violent amour de la vérité.

Il est vrai que quelquefois le vice naturel d’un organe se répare par l’exercice plus fréquent d’un autre. Si l’aveugle a perdu la sensation des formes et de tous les sentiments qui en émanent, il est bien plus sensible aux cris : le son de la voix est pour lui ce qu’est la physionomie pour celui qui voit.

J’ai connu une jeune aveugle qui recevait par l’oreille des sensations et des idées qui nous sont inconnues ; elle distinguait des voix blondes et des voix brunes[1].

Les organes s’accoutument à une lésion qui s’accroît par des degrés insensibles ; on peut percer les pieds et la main. La douleur subite aurait tué l’animal.

Chaque organe a son plaisir et sa douleur particulière, sa position, sa construction, sa chair, sa fonction, ses maladies accidentelles, héréditaires, ses dégoûts, ses appétits, ses remèdes, ses sensations, sa volonté, ses mouvements, sa nutrition, ses stimulants, son traitement approprié, sa naissance, son développement.

La même maladie transférée par métastase d’un organe à un autre présente des phénomènes et produit des sensations plus variées que la même maladie fixée au même lieu dans des animaux différents. La goutte brûle, pique, déchire le pied ; à la main, c’est autre chose ; sur les intestins, à l’estomac, aux reins, aux poumons, à la tête, aux yeux, aux articulations, autant de douleurs différentes.

de l’organisation propre a chaque espèce, oiseaux de proie.

Ce sont des espèces de vessies emplumées et ailées. Il y a communication entre la poitrine et le ventre. L’air des vésicules du poumon pénètre la cavité des os, qu’ils ont vides ; ainsi, lorsque nous les voyons planer dans les régions les plus hautes de

  1. Voir tome I l’Addition à la Lettre sur les aveugles.