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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

— De l’agitation spontanée. — Des organes et de la cessation de la peine.

des idées des passions et des maux physiques.

Quelle idée peut-on avoir d’une douleur qu’on n’a point éprouvée ?

Quelle idée reste-t-il d’une douleur quand elle est passée ?

Quelle idée l’homme tranquille a-t-il de la colère, le vieillard de l’amour ?

Goutte, néphrétique, douleur, fièvre, amour, que désignent ces mots ?

Ils sont quelquefois accompagnés d’un mouvement sympathique des organes. Comment s’excite ce mouvement ? Par la force de l’imagination qui nous rend la présence de l’objet.

Celui qui souffre de la poitrine, en parlant me rend poitrinaire ; ce viscère s’embarrasse chez moi comme chez lui.

Il y a je ne sais quelle singerie dans les organes, ou cette singerie leur est ordonnée par l’imagination. Cela peut jeter quelque lumière sur les émotions populaires et autres maladies épidémiques.

Il y a des personnes dans lesquelles le signe réveille la sensation aussi puissamment que la chose. Il y avait un homme qu’on aurait fait sauter par la fenêtre et peut-être fait mourir par le seul signe du chatouillement. Je ne sais si ce signe réveillait en lui la sensation même du chatouillement, ou si ce n’était que la menace d’une chose qu’il craignait à l’excès.

correspondance des idées avec le mouvement des organes.

La fureur enflamme les yeux, serre les poings et les dents et arrondit les paupières.

La fierté relève la tête, la gravité l’affermit.

Cette correspondance se remarque dans l’homme et dans les animaux. C’est le fond des études de l’imitateur de Nature.

Chaque passion a son action propre. Cette action s’exécute par des mouvements du corps.

Entre les parties du corps il y a des sympathies organiques.