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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

De la liaison des passions avec des organes naissent les voix ou les cris. Si la douleur pique l’intestin d’un enfant chinois ou européen, c’est le même instrument, la même corde, le même harpeur, pourquoi le son ou le cri différerait-il ? Les interjections sont les mêmes dans toutes les langues.

C’est ainsi que tel son se lie nécessairement avec telle sensation.

C’est de cette correspondance qu’il faut déduire les yeux tendres de l’amant passionné, et l’érection, peut-être l’accroissement de force dans tous les instants de passion, dans la frayeur, dans la fièvre, etc.

Pourquoi recourir à un petit harpeur[1], inintelligible, qui n’est pas même atomique, qui n’a point d’organes, qui n’est pas dans le lieu, qui est essentiellement hétérogène avec l’instrument, qui n’a aucune sorte de toucher et qui pince des cordes ?

La bonne musique est bien voisine de la langue primitive.


SENSATIONS.

La sensation et la volition qui la suit sont corporelles ; ce sont deux fonctions du cerveau. La volition précède l’action des fibres musculaires.

Sensation : une manière d’être de l’âme qui en a la conscience et qui s’est produite en elle-même par ses propres opérations ou par un changement quelconque excité dans le système nerveux.

Comment dans les narines, qui ne sont que la même peau extérieure du nez repliée, la sensation est-elle si diverse ? A l’anus ? au vagin ?

Point de mélodie sans la durée de la sensation des sons qui se succèdent quelquefois si rapidement.

Si les sensations extérieures ou qui me viennent du dehors et les sensations intérieures ou qui émanent de moi m’étaient

  1. L’âme.