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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

Sommeil, état de l’animal où il ne sent point, ne se meut point, ne pense point, mais cependant il vit ; où, s’il sent, pense, agit, ce n’est point la présence des objets qui le meut, mais le mouvement spontané des organes intérieurs qui dispose de lui involontairement. Dans la veille, ou c’est la présence des objets qui le meut, ou il agit volontairement, ou il veille comme on dort.

Il arrive certainement à l’homme qui veille de rêver comme s’il était endormi. Tel est son état lorsqu’il s’abandonne des organes intérieurs.

Savoir qu’on est là et rêver qu’on est là sont deux actions différentes.

L’homme qui rêve ne sait rien ; il se croit là, il y est, en effet, mais il pourrait avoir la même croyance en existant ailleurs.

L’homme qui veille sait où il est. S’il est égaré dans une forêt, il sait qu’il est dans une forêt et qu’il est égaré, et cela est toujours vrai.

Le sommeil naît, ou de la lassitude, ou de la maladie, ou de l’habitude.

Le bâillement soulage le poumon.

Il faut faire entrer dans le sommeil la volonté particulière des organes ; de l’estomac, par exemple ; volonté à laquelle les autres organes se sont assujettis par habitude.

Le sommeil long et profond dans l’enfance et dans la jeunesse, court et interrompu dans la vieillesse. La journée s’allonge à mesure que la vie s’abrège.

Le sommeil est une lassitude ou torpeur qui surprend quelquefois toute la masse du réseau ou qui passe soit de l’origine au filet, soit des filets à l’origine du faisceau. Le sommeil est parfait lorsque la torpeur est générale. Il est interrompu, troublé, agité lorsque la torpeur dure en certaines parties et cesse en quelques autres. L’insomnie est un vice de l’origine du faisceau.

Le rêve monte ou descend, ou monte des filets à l’origine, ou descend de l’origine aux filets. Si l’organe destiné à l’acte vénérien s’agite, l’image d’une femme se réveillera dans le cerveau ; si cette image se réveille dans le cerveau, l’organe destiné à la jouissance s’agitera[1].

  1. C’est à peu près ce que dit Malebranche : « Les filets nerveux peuvent être remués de deux manières, ou bien par le bout qui est hors du cerveau ou bien par