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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

La vue d’un poitrinaire affecte notre poumon.

Il est certain qu’il passe d’étranges sensations de la mère à l’enfant et de l’enfant à la mère dont les envies capricieuses de celle-ci peuvent être l’effet.

Dans la maladie et même la convalescence on en a de pareilles.

Descartes moribond veut manger des pommes de terre.

L’instinct guide mieux l’animal que l’homme. Dans l’animal il est pur, dans l’homme il est égaré par sa raison et ses lumières.

Je ne crois pas aux taches ; cependant Haller, après avoir nié les effets de l’imagination de la mère, avoue que des enfants ont été sujets pendant toute leur vie à des convulsions occasionnées par des terreurs et autres affections violentes éprouvées parla mère pendant la grossesse, bien qu’il n’y ait aucune communication nerveuse de celle-ci à son enfant.

Je ne voudrais pas qu’une mère fût exposée à voir pendant toute sa grossesse un visage grimacier. La grimace est contagieuse, nous la prenons ; pourquoi, la mère la prenant, l’enfant ne la prendrait-il pas ? Cet enfant est pendant neuf mois partie triste ou gaie d’un système qui souffre ou se réjouit.


MONSTRES.

Pourquoi l’homme, pourquoi tous les animaux ne seraient-ils pas des espèces de monstres un peu plus durables ?

Le monstre naît et passe. La nature extermine l’individu en moins de cent ans. Pourquoi la nature n’exterminerait-elle pas l’espèce dans une plus longue succession de temps ?

L’univers ne me semble quelquefois qu’un assemblage d’êtres monstrueux.

Qu’est-ce qu’un monstre ? Un être dont la durée est incompatible avec l’ordre subsistant.

Mais l’ordre général change sans cesse ; comment au milieu de cette vicissitude la durée de l’espèce peut-elle rester la même ? Il n’y a que la molécule qui demeure éternelle et inaltérable.