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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

degrés : du baiser à l’attouchement de la gorge, de l’attouchement de la gorge au toucher des parties naturelles, des parties naturelles à la dernière jouissance, l’extrême de la perfection. C’est lorsque le directeur est tout en elle que la dévote est tout en Dieu. C’est un art.

Dans le cataleptique où l’animal est réduit à l’état d’un être purement sensible, comme dans la consommation de la jouissance, que devient ce prétendu commerce de l’âme avec le corps ?

la fièvre.

Le Docteur. — Si nous savions donner la fièvre, nous saurions rendre l’homme sage ou fou, nous pourrions donner de l’esprit à un sot. Les exemples d’hommes idiots dans l’état de santé, et pleins de vivacité, d’esprit et d’éloquence dans la fièvre, ne sont pas rares.

C’est que tous les talents que suppose l’enthousiasme touchent à la folie. C’est que l’enthousiasme est une espèce de fièvre.

Voyez ce jeune statuaire, l’ébauchoir à la main, devant sa selle et sa terre glaise, ses yeux sont ardents, ses mouvements sont prompts et troublés ; il halète, la sueur lui coule du front ; il contrefait du visage la passion qu’il veut rendre ; il lève les yeux au ciel, il incline la tête sur une de ses épaules, il défaillit ; si c’est la colère, il grince les dents ; si c’est la tendresse, il s’abandonne ; si c’est le désespoir, ses traits s’allongent, sa bouche s’entr’ouvre, ses membres se raidissent ; si c’est le mépris, sa lèvre supérieure se relève ; si c’est l’ironie, il sourit malignement. Je lui tâte le pouls, il a la fièvre.

la caractéristique de l’homme est dans son cerveau et non dans son organisation extérieure.

J’ai vu un homme singe. Il ne pensait pas plus que le singe. Il imitait comme le singe. Il était malfaisant comme le singe. Il s’agitait sans cesse comme le singe. Il était décousu dans ses idées comme le singe. Il se fâchait, il s’apaisait, il était sans pudeur comme le singe.

Les parents, les amis sont plus disposés à prendre les mala-