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MÉLANGES.

L’espérance est oscillatoire, constante, impatiente, crédule.

Action de l’espérance sur les mouvements du corps. Elle soupire comme le désir.

Présomption est une espérance immodérée.

Confiance, espérance modérée.

Joie, est babillarde ; compagne de la confiance, compagne de l’indiscrétion, de l’indulgence et de la crédulité ; familière, elle embrasse tout le monde ; bienfaisante, elle est libérale. Elle a de l’embonpoint et de la santé.

Ris. Pourquoi on n’éclate guère seul, souvent en compagnie. Ris contagieux. Ris sobre, immodéré. Ris décompose, ôte de la dignité. Hommes et femmes de cour n’éclatent guère ; le gros ris est bourgeois.

Ris dans l’homme physique comme dans l’animal, joie. Ris dans la douleur, ris dans le délire.

Rire sans savoir pourquoi ; jamais seul, en compagnie, idée du ridicule en général qu’on cherche à connaître. On cherche qui est-ce qui est bossu, qui est-ce qui a dit une sottise, etc.

Les stupides rient comme les animaux et les enfants. Dans les uns, mémoire d’un plaisir passé ; dans les autres, présence d’un objet qui les flatte.

Progrès du ris : l’œil, la lèvre, les poumons, le diaphragme, les flancs, tout le corps.

La douleur et la joie font également pleurer.

L’enfant en venant au monde crie, mais ne verse des larmes et ne rit qu’au bout de quarante jours.

La honte est une espèce de crainte, ainsi que le respect.

L’appréhension, crainte faible.

Peur ; on a peur du diable ; on craint Dieu.

Peur avec surprise, épouvante et fait fuir.

L’amour et l’aversion semblent produire dans les organes des effets contraires. L’amour s’élance au dehors, l’aversion se retire en dedans. Voyez l’homme qui désire, ses yeux, ses joues, ses bras, ses mains, ses pieds, ses poumons se portent au dehors.

L’amour élance l’homme au dehors, approche l’objet par le même mouvement, il est tout contre ; on le saisit, on l’embrasse ; on se place dans le lit de celle qu’on aime, on l’amène dans le sien ; on se place sur le trône, voilà des soldats, on