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mais qui n’ont point de part aux répartitions ou dividendes.

Les actions intéressées tiennent pour ainsi dire le milieu entre les deux ; elles ont deux pour cent de revenu fixe, avec la garantie du Roi, comme les actions rentieres, & outre cela elles doivent partager l’excédent du dividende avec les actions simples. Ces dernieres actions ont été créées en faveur des Communautés ecclésiastiques qui pouvoient avoir des remplacemens de deniers à faire.

Il y a quelques termes établis & propres au négoce des actions, comme ceux de dividend ou dividende, action nourrie, nourrir une action, fondre une action, qu’il est bon d’expliquer.

Nourrir une action, c’est payer exactement à leur échéance les diverses sommes pour lesquelles on a fait sa soûmission à la caisse de la Compagnie, suivant qu’il a été réglé par les Arrêts du Conseil donnés pour la création des nouvelles actions.

Fondre des actions, c’est les vendre & s’en défaire suivant les besoins qu’on a de ses fonds, soit pour nourrir d’autres actions, soit pour ses autres affaires.

Une action nourrie est celle dont tous les payemens sont faits, & qui est en état d’avoir part aux dividendes ou répartitions des profits de la Compagnie. Jusqu’à cet entier & parfait payement, ce n’est pas proprement une action, mais simplement une soûmission. Voyez Soumission.

Dividend ou dividende, c’est ce qu’on nomme autrement répartition, c’est-à-dire la part qui revient à chaque Actionnaire dans les profits d’une Compagnie, jusqu’au prorata de ce qu’il y a d’actions. V. Actionaire & Répartition.

En Angleterre les actions les plus anciennes, & qui se soûtiennent le mieux, sont celles du Sud, celles des Indes & celles de la Banque. Il se forma à Londres vers 1719 une Compagnie d’assûrances dont les actions furent d’abord très-brillantes, & tomberent totalement sur la fin de 1720. On peut voir dans le Dictionnaire du Commerce les différentes révolutions qu’a éprouvées le négoce des actions depuis 1719 jusqu’à 1721, tant en Angleterre que dans diverses nouvelles Compagnies de Hollande. (G)

Action du Forestaller. en Angl. Consiste à acheter sur les chemins les grains, les bestiaux, ou toute autre marchandise avant qu’elle arrive au marché ou à la foire où elle devoit être vendue ; ou à l’acheter lorsqu’elle vient d’au-delà des mers, & qu’elle est en route pour quelque Ville, Port, Havre, Baye ou Quai du Royaume d’Angleterre, dans le dessein d’en tirer avantage, en la revendant beaucoup plus cher qu’elle n’auroit été vendue. Voyez Fripier ou Regratier. Fleta dit que ce mot signifie obstructionem viæ, vel impedimentum transitus & fugæ averiorum.

On se sert particulierement de ce mot dans le pays de Crompton, pour exprimer l’action de celui qui arrête une bête fauve égarée de la forêt, & qui l’empêche de s’y retirer ; ou l’action de celui qui se met entre cette bête & la forêt, précisément dans le chemin par où la bête doit y retourner.

Action (Manége.) Cheval toûjours en action, bouche toûjours en action, se dit d’un cheval qui mâche son mord, qui jette beaucoup d’écume, & qui par-là se tient la bouche toûjours fraîche : c’est un indice de beaucoup de feu & de vigueur. M. de Neucastle a dit aussi les actions des jambes. (V)

Action, en Peinture & en Sculpture, est l’attitude ou la position des parties du visage & du corps des figures représentées, qui fait juger qu’elles sont agitées de passions. On dit : cette figure exprime bien par son action les passions dont elle est agitée ; cette action est bien d’un homme effrayé. L’on se sert également de ce terme pour les animaux ; l’on dit : voilà un chien dont l’action exprime bien la fureur ;

d’un cerf aux abois : voilà un cerf qui par son action exprime sa douleur, &c. (R)

ACTIONAIRE ou ACTIONISTE s. m. (Commerce.) c’est le propriétaire d’une action ou d’une part dans le fonds ou capital d’une Compagnie. Voyez Action.

Les Anglois aussi bien que nous se servent du terme d’actionaire dans le sens que nous venons de marquer. Les Hollandois employent plus communément celui d’actioniste. (G)

ACTIVITÉ, s. f. (Physique) Vertu d’agir ou Faculté active. Voyez Faculté, &c.

L’activité du feu surpasse toute imagination. On dit l’activité d’un acide, d’un poison, &c. Les corps, selon M. Newton, tirent leur activité du principe d’attraction. Voyez Attraction.

Sphere d’activité d’un corps se dit d’un espace qui environne ce corps, & qui s’étend aussi loin que sa vertu ou son efficacité peut produire quelque effet sensible. Ainsi on dit la sphere d’activité d’une pierre d’aimant, d’un corps électrique, &c. Voyez Sphere, Ecoulement, &c. (O)

* ACTIUM, s. m. Promontoire d’Epire fameux par le combat où Auguste & Antoine se disputerent l’empire du monde.

* ACTIUS, adj. (Myth.) Apollon fut ainsi surnommé d’Actium où il étoit honoré.

ACTON, (Medecine.) Les eaux minérales d’Acton sont les plus énergiques entre les eaux purgatives des environs de Londres. Elles causent à ceux qui les prennent des douleurs au fondement & dans les intestins ; ce que l’on attribue à la grande quantité de sels qu’elles chassent du corps, & qui réunis à ceux dont ces eaux sont chargées, en deviennent plus actifs & plus piquans. (N)

ACTUAIRES, (Hist. anc.) vaisseaux pour l’action. C’est ainsi que les Anciens appelloient une sorte de longs vaisseaux, que l’on avoit construits particulierement d’une forme agile & propre aux expéditions ; ils reviennent à ce que l’on appelle en France des Brigantins. Voyez Vaisseau & Brigantin.

Ciceron dans une épître à Atticus appelle une chaloupe decem scalmorum, c’est-à-dire à cinq rames de chaque bord, actuariola ; ce qui fait présumer que les bâtimens nommés actuariæ naves ne pouvoient contenir ni un nombreux équipage, ni une nombreuse chiourme telle que celle des vaisseaux de haut-bord & à plusieurs rangs de rames. (G)

ACTUEL, adj. terme de Théologie, se dit d’un attribut qui détermine la nature de quelque sujet & le distingue d’un autre, mais non pas toûjours dans le même sens ni de la même maniere. Voyez Attribut, Sujet.

Ainsi les Théologiens scholastiques disent grace actuelle par opposition à la grace habituelle. Voyez Habituel.

Ils disent aussi péché actuel par opposition au péché originel.

La grace actuelle est celle qui nous est accordée par maniere d’acte ou de motion passagere. Voyez Acte & Motion. On pourroit la définir plus clairement celle que Dieu nous donne pour nous mettre en état de pouvoir, d’agir, ou de faire quelqu’action. C’est de cette grace que parle S. Paul, quand il dit aux Philippiens, chap. I. « Il vous a été donné non-seulement de croire en Jesus-Christ, mais encore de souffrir pour lui ». S. Augustin a démontré contre les Pélagiens, que la grace actuelle est absolument nécessaire pour toute action méritoire dans l’ordre du salut.

La grace habituelle est celle qui nous est donnée par maniere d’habitude, de qualité fixe & permanente, inhérente à l’ame, qui nous rend agréables à Dieu, & dignes des récompenses éternelles. Telle est la grace du baptême dans les enfans. Voyez Grace.