dans le cas de faire deux siéges au lieu d’un : mais il arrive souvent que cet inconvénient est moins grand que de s’exposer à l’attaque d’une citadelle qui peut tirer de la ville de quoi prolonger sa défense. Il est aisé d’en disputer le terrain pié à pié, & de faire encore un grand & fort retranchement sur l’esplanade, qui arrête l’ennemi. Si l’on avoit d’abord attaqué la ville de Turin au lieu de la citadelle, ce siége n’auroit pas eu le triste évenement que tout le monde sait ; c’est le sentiment de M. de Feuquieres. Voyez le IV. volume de ses Mémoires, page 253.
Attaque de flanc ; c’est dans l’Art militaire l’attaque d’une armée ou d’une troupe sur le flanc ou le côté : cette attaque est fort dangereuse ; c’est pourquoi on a soin de couvrir autant qu’on le peut, les flancs d’une armée ou d’une troupe, par des villages, des rivieres, ou fortifications naturelles, qui empêchent l’ennemi de pouvoir former ou diriger son attaque sur les flancs de la troupe qu’il veut combattre. Voyez Flanc & Aîle.
Attaque de front ; c’est dans l’Art militaire, l’attaque qui se fait sur le devant ou la tête d’une troupe.
Attaque des lignes de circonvallation, c’est l’effort que l’ennemi fait pour y pénétrer & en chasser ceux qui les défendent.
Le plus difficile & le plus dangereux de cette attaque, c’est le comblement du fossé. On se sert pour cet effet de fascines ; chaque soldat en porte une devant lui ; ce qui sauve bien des coups de fusil avant qu’on arrive, sur-tout quand elles sont bien faites & composées de menu bois. Lorsqu’on est arrivé sur le bord du fossé, les soldats se les donnent de main en main pendant qu’on les passe par les armes. Il faut avoüer que cette méthode est fort incommode & fort meurtriere. M. le chevalier de Folard, qui fait cette observation, propose, pour conserver les troupes dans cette action, de faire plusieurs chassis de 7 à 8 piés de large sur 10 à 12 de longueur, suivant la largeur du fossé. Ces chassis doivent être composés de 3 ou 4 soliveaux de brin de sapin de 4 pouces de largeur sur 5 d’épaisseur, pour avoir plus de force pour soûtenir le poids des soldats qui passeront dessus, avec des travers bien emmortoisés. On cloue dessus des planches de sapin. Pour mieux assûrer ces ponts, on peut pratiquer aux extrémités des grapins, qui s’enfoncent sur la berme ou sur le fascinage des lignes.
Lorsqu’on veut se servir de ces ponts, il faut les faire monter dans le camp & les voiturer sur des chariots derriere les colonnes, à une certaine distance des retranchemens : après quoi on les fait porter par des soldats commandés à cet effet, qui les jettent sur le fossé lorsque les troupes y sont arrivées, observant de les poser & placer à côté les uns des autres, de maniere qu’ils puissent se toucher. Vingt ponts construits de la sorte, suffisent pour le passage d’une colonne, & laisseront encore des espaces suffisans pour celui des grenadiers.
On peut encore se servir pour le comblement du fossé des lignes, d’un autre expédient qui exige moins de préparatifs. Il faut faire faire de grands sacs de grosse toile, de 8 piés de long, qu’on remplira des deux côtés, de paille, de feuilles d’arbres, ou de fumier, qui est encore meilleur à cause du feu. On roulera sur trois rangs paralleles, un nombre de ces balots à la tête & sur tout le front des colonnes, qu’on jettera dans le fossé, d’abord le premier rang, ensuite le second, & ainsi des autres, s’il en faut plusieurs. Deux ou trois de ces balots suffiront de reste pour combler le fossé, si on leur donne cinq piés de diametre : comme il peut rester quelques vuides entre ces balots, à cause de leur rondeur, on jettera quelques fascines dessus, que les soldats des premiers rangs des colonnes doivent porter. Cette méthode
de combler un fossé, a cet avantage, que les soldats qui roulent ces ballots devant eux, arrivent à couvert jusqu’au bord du fossé. On peut se servir egalement de ballots de fascines. Folard, Comment. sur Polybe.
Attaques d’une place ; ce sont en général toutes les actions & tous les différens travaux qu’on fait pour s’en emparer. Voyez Tranchée, Sappe, Parallele ou Place d’armes, Logement, &c.
Regler les attaques d’une place, c’est déterminer le nombre qu’on en veut faire, & les côtés ou les fronts par lesquels on veut l’attaquer : c’est aussi fixer la forme & la figure des tranchées. Avoir les attaques d’une place, c’est avoir un plan sur lequel les tranchêes, les logemens, les batteries, &c. sont tracées.
Maximes ou principes qu’on doit observer dans l’attaque des places. I. Il faut s’approcher de la place sans en être découvert, directement, ou obliquement, ou par le flanc.
Si l’on faisoit les tranchées en allant directement à la place, par le plus court chemin, l’on y seroit en butte aux coups des ennemis postés sur les pieces de la fortification où la tranchée aboutiroit ; & si l’on y alloit obliquement, pour sortir de la direction du feu de l’endroit où l’on veut aller, & que la tranchée sût vûe dans toute sa longueur par quelqu’autre piece de la fortification de la place, les soldats placés sur cette piece de fortification verroient le flanc de ceux de la tranchée, laquelle se trouvant ainsi enfilée par l’ennemi, ne garantiroit nullement du feu de la place, les soldats qui seroient dedans.
Or, comme l’objet des tranchées est de les en garantir, il faut donc qu’elles soient dirigées de maniere qu’elles ne soient ni en vûe, ni enfilées par l’ennemi d’aucun endroit.
II Il faut éviter de faire plus d’ouvrage qu’il n’en est besoin pour s’approcher de la place sans être vû, c’est-à-dire, qu’il faut s’en approcher par le chemin le plus court qu’il est possible de tenir, en se couvrant ou détournant des coups de l’ennemi.
III. Que toutes les parties des tranchées se soûtiennent réciproquement, & que celles qui sont les plus avancées ne soient éloignées de celles qui doivent les défendre, que de 120 ou 130 toises, c’est-à-dire, de la portée du fusil.
IV. Que les paralleles ou places d’armes les plus éloignées de la place ayent plus d’étendue que celles qui en sont plus proches, afin de prendre l’assiégé par le flanc, s’il vouloit attaquer ces dernieres paralleles.
V. Que la tranchée soit ouverte ou commencée le plus près de la place qu’il est possible, sans trop s’exposer, afin d’accélérer & diminuer les travaux du siége.
VI. Observer de bien lier les attaques, c’est-à-dire, d’avoir soin qu’elles ayent des communications pour pouvoir se donner du secours réciproquement.
VII. Ne jamais avancer un ouvrage en avant, sans qu’il soit bien soûtenu ; & pour cette raison, dans l’intervalle de la seconde & de la troisieme place d’armes, faire de part & d’autre de la tranchée des retours de 40 ou 50 toises paralleles aux places d’armes, & construits de la même maniere, qui servent à placer des soldats pour protéger les travaux que l’on fait pour parvenir à la troisieme place d’armes. Ces sortes de retours, dont l’usage est le même que celui des places d’armes, se nomment demi-places d’armes.
VIII. Observer de placer les batteries de canon sur le prolongement des pieces attaquées, afin qu’elles en arrêtent le feu ; & que les travaux en étant protégés, avancent plus aisément & plus promptement.
IX. Embrasser par cette raison toûjours le front