L’Encyclopédie/1re édition/AILE

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AILE, s. f. (Ecrivain.) Les Ecrivains entendent par l’aile d’une plume la partie supérieure & barbue d’une plume. Ils y distinguent le dessus & le dessous, la partie cannelée qu’ils nomment l’aile intérieure ou le dedans de l’aile, & la partie lisse qu’ils appellent l’extérieure ou le dessus.

Aile, ala. Les Hébreux sous le nom d’aile entendent non-seulement les ailes des oiseaux, mais aussi le pan des habits, l’extrémité d’un pays, les ailes d’une armée ; & dans le sens figuré & métaphorique, la protection, la défense. Dieu dit qu’il a porté son Peuple sur les ailes des aigles ; c’est-à-dire, qu’il les a tirés de l’Egypte comme un aigle porte ses petits sous ses ailes. Le Prophete prie Dieu de le protéger sous ses ailes : il dit que les enfans des hommes esperent dans la protection de ses ailes, in tegmine alarum tuarum sperabunt. Ruth prie Booz d’étendre sur elle l’aile de son habit : expande pallium tuum (Hébreu) alam tuam super famulam tuam. Dans Jérémie ij. 34, le sang s’est trouvé dans vos ailes, dans le pan de vos habits. Isaïe parlant à l’armée du Roi d’Israel & de Syrie, qui devoit venir sur les terres de Juda, dit : l’étendue de ses ailes remplira toute votre terre, ô Emmanuel. Le même Prophete nomme les sistres des Egyptiens cimbalum alarum, apparemment à cause des baguettes qui joüoient dans les trous du sistre. Exod. xix. 4. Deut. xxxij. 11. Psal. xxj. 9. xxv. 8. Ruth iij. Is. viij. 8. & xviij. 1.

Ailleurs il nomme l’aile de la terre l’extrémité du pays. Isaïe xiv. 16. Nous avons oüi les loüanges du juste de l’extrémité de la terre : à finibus terræ, (l’Hébreu) ab alis terræ. Voyez aussi Job xxxviij. 13. Tenuisti extrema terræ. Malach. vj. 2. On donne aux rayons du soleil le nom d’ailes : orietur vobis sol justitiæ & sanitas in pennis ejus : ou plûtôt on nous représente le soleil comme ayant des ailes à cause de la rapidité de sa course. Les Poëtes donnent quelquefois des ailes aux animaux qui traînent le char d’Apollon : ils en donnent aussi à Mithras, qui est le soleil. Osée iv. 19. parlant du vent, nous le représente avec des ailes : ligavit eum spiritus in alis suis. Calmet, Dict de la bib. tom. I. lettre A. pag. 88. (G)

Aile, en Anatomie, se dit de différentes parties, comme des inférieures du nez, des deux lames osseuses de l’apophyse ptérigoide, des quatre apophyses de l’os sphenoide, dont deux sont appellées les grandes ailes, & deux les petites ailes. Voyez Pterigoide, Sphenoide, Nez, &c. Voyez Pl. I. Anatomie, fig. 2. 5. HIK VX4 l’os sphenoide. VX4 les grandes ailes. H l’aile externe. I l’aile interne. K le petit crochet qui s’observe à l’extrémité de l’aile interne. (L)

Aile, partie du corps des oiseaux qui est double, & qui correspond à nos bras & aux jambes de devant des quadrupedes. C’est par le moyen des ailes que les oiseaux se soûtiennent en l’air & volent. Tout animal qui peut voler, a des ailes ou des parties de son corps qui ressemblent à des ailes pour la figure & pour le mouvement, comme on le voit dans plusieurs insectes tels que les mouches, les papillons, les scarabés, &c. On trouve même des animaux bien différens des insectes & des oiseaux, qui sont cependant conformés de façon qu’ils peuvent voler ; tels sont les chauve-souris & l’écureuil volant. Aussi y a-t-il beaucoup de différence entre toutes ces sortes d’ailes ; les unes sont membraneuses, les autres sont cutanées. Voyez Insecte, Chauve-souris, écureuil. Les ailes des oiseaux sont couvertes de plumes, ou pour mieux dire les plumes sont la principale partie des ailes des oiseaux. Cette conformation paroît la plus favorable pour le vol : cependant il y a des oiseaux qui ne peuvent pas voler, quoiqu’ils aient des ailes ; tels sont le pingouin, l’émeu & l’autruche.

Il ne sera ici question que des ailes des oiseaux. Voici ce que dit à ce sujet M. Formey, Secrétaire de l’Académie Royale des Sciences de Berlin, dans un manuscrit qu’il nous a remis.

« Ailes, parties du corps des oiseaux, qui sont les instrumens du vol, & qui sont façonnées pour cet effet avec beaucoup d’art, placées à l’endroit le plus commode du corps, & le plus propre à le tenir dans un exact équilibre au milieu d’un fluide aussi subtil que l’air. En général, toute la structure des ailes est parfaitement convenable à leur méchanisme

» Elles sont façonnées avec beaucoup d’art. Cet art incomparable brille dans la construction de chaque plume. Le tuyau en est extrèmement roide & creux par le bas, ce qui le rend en même tems fort & léger. Vers le haut il n’est pas moins dur, & il est rempli d’une espece de parenchyme, ou de moelle, ce qui contribue aussi beaucoup à sa force & à sa légereté. La barbe des plumes est rangée régulierement des deux côtés, large d’un côté & étroite de l’autre. On ne sauroit assez admirer l’exactitude du sage Auteur de la nature dans le soin exact qu’il a pris d’une partie aussi peu considérable que le paroît cette barbe des plumes qui sont aux ailes. On y peut observer entr’autres ces deux choses. 1°. Que les bords des filets extérieurs & étroits de la barbe se courbent en bas ; au lieu que ceux des intérieurs & plus larges, se courbent en haut. Par ce moyen les filets tiennent fortement ensemble ; ils sont clos & serrés, lorsque l’aile est étendue, de sorte qu’aucune plume ne perd rien de la force ou de l’impression qu’elle fait sur l’air. 2°. On peut remarquer une adresse & une exactitude qui ne sont pas moins grandes, dans la maniere dont les plumes sont coupées à leur bord. Les intérieures vont en se rétrécissant, & se terminent en pointe vers la partie supérieure de l’aile. Les extérieures se rétrécissent d’un sens contraire, de la partie supérieure de l’aile vers le corps, du moins en beaucoup d’oiseaux. Celles du milieu de l’aile ayant une barbe partout égale ne sont gueres coupées de biais ; de sorte que l’aile soit étendue, soit resserrée, est toujours façonnée & taillée aussi exactement que si elle avoit été coupée avec des ciseaux. Mais pour revenir à la rissure même de cette barbe dont nous avons entrepris l’examen, elle est composée de filets si artistement travaillés, entrelaçés d’une maniere si curieuse, que la vûe n’en peut qu’exciter l’admiration, sur-tout lorsqu’on les regarde avec des microscopes. Cette barbe ne consiste pas dans une seule membrane continue ; car alors, cette membrane étant une fois rompue, ne se remettroit en ordre qu’avec beaucoup de peine : mais elle est composée de quantité de petites lames, ou de filets minces & roides, qui tiennent un peu de la nature d’un petit tuyau de plume. Vers la tige ou le tuyau (sur-tout dans les grosses plumes de l’aile) ces petites lames sont plus larges & creusées dans leur largeur en demi-cercle ; ce qui contribue beaucoup à leur force, & à serrer davantage ces lames les unes sur les autres, lorsque l’aile fait ses battemens sur l’air. Vers le bord ou la partie extérieure de la plume, ces lames deviennent très-minces, & se terminent presqu’en pointe ; en dessous elles sont minces & polies, mais en dessus leur extrémité se divise en deux parties, garnies de petits poils, chaque côté ayant une différente sorte de poils. Ces poils sont larges à leur base ; leur moitié supérieure est plus menue & barbue.

» Les ailes sont placées à l’endroit le plus commode du corps. Il est constant que dans tous les oiseaux qui ont le plus d’occasion de voler, les ailes sont placées à l’endroit le plus propre à balancer le corps dans l’air, & à lui donner un mouvement progressif aussi rapide que les ailes & le corps sont capables d’en recevoir. Sans cela nous verrions les oiseaux chanceler à tout moment, & voler d’une maniere inconstante & peu ferme ; comme cela arrive, lorsqu’on trouble l’équilibre de leur corps, en coupant le bout d’une de leurs ailes, ou en suspendant un poids à une des extrémités du corps. Quant à ceux qui nagent & qui volent, les ailes pour cet effet sont attachées au corps hors du centre de gravité ; & pour ceux qui se plongent plus souvent qu’ils ne volent, leurs jambes sont plus reculées vers le derriere, & leurs ailes plus avancées vers le devant du corps.

» Structure des ailes. La maniere dont les plumes sont rangées dans chaque aile est fort étonnante. Elles sont placées dans un ordre, qui s’accorde exactement avec la longueur & la force de chaque plume : les grosses servent d’appui aux moindres ; elles sont si bien bordées, couvertes, & défendues par les plus petites, que l’air ne sauroit passer à travers ; par là leurs impulsions sur ce fluide sont rendues très-fortes. Enfin pour finir cet article qui mériteroit que nous nous y arrêtassions plus long-tems, quel appareil d’os très-forts, mais sur-tout légers, & formés avec une adresse incomparable ! quelles jointures qui s’ouvrent, se ferment, ou se meuvent de quelque côté que l’occasion le demande, soit pour étendre les ailes, soit pour les resserrer vers le corps ! en un mot, quelle diversité de muscles, parmi lesquels la force singuliere des muscles pectoraux mérite sur-tout l’attention, parce qu’ils sont beaucoup plus forts & plus robustes dans les oiseaux que dans l’homme, que dans tout autre animal qui n’a pas été fait pour voler. Plaçons ici la remarque de Borelli à cet égard : pectorales musculi hominis flectentes humeros, parvi & parum carnosi sunt, non æquant quinquagesimam aut septuagesimam partem omnium musculorum hominis. Contra in avibus pectorales musculi validissimi sunt, & æquant, imo excedunt, & magis pendent quam reliqui omnes musculi ejusdem avis simul sumpti. De motu animal. Vol. I. Prop. 184. M. Willughby après avoir fait la même remarque, ajoûte la réflexion suivante : C’est par cette raison, que s’il étoit possible à l’homme de voler, ceux qui ont considéré le plus attentivement ce sujet, croyent que pour entreprendre une pareille chose avec espérance de succès, on doit tellement ajuster & ménager les ailes, que pour les diriger on se serve des jambes & non des bras, parce que les muscles des jambes sont beaucoup plus robustes, comme il l’observe très-bien. Willug. Ornith. L. I. c. 1. §. 19, apud Derham Theol. Phys. p. 474 ». Ici finit le Manuscrit de M. Formey, pour le mot aile.

Je n’ajouterai à cet article qu’une énumération des principales parties de l’aile. « Tous les oiseaux, dit Willughby, ont à l’extrémité de l’aile une sorte d’appendice en forme de doigt, qu’il appelle l’aile secondaire extérieure, ou la fausse aile extérieure ; elle n’est composée que de quatre ou cinq plumes. Quelques oiseaux ont un rang de plumes sur la partie intérieure de l’aile ; c’est ce qu’on appelle la fausse aile intérieure. Ses plumes sont ordinairement blanches. On distingue dans les ailes deux sortes de plumes : les grandes qui sont celles qui servent le plus pour le vol, c’est pourquoi on les appelle alarum remiges, comme si on disoit, les rameurs ou les rames de l’aile ; les autres plumes sont les plus petites, elles recouvrent la partie inférieure des grandes, ce qui leur a fait donner le nom de remigum tegetes. On distingue celles qui sont sur la face extérieure de l’aile, & celles qui sont sur la face intérieure. Ces plumes sont disposées sur l’une & sur l’autre face par rangs qui suivent la longueur de l’aile & qui se surmontent les uns les autres. Les plumes qui se trouvent sur la côte de l’aile sont les plus petites ; les autres sont plus grandes à mesure qu’elles approchent des grandes plumes de l’aile. On les a appellées alarum vestitrices, parce qu’elles revêtent les ailes en dessus & en dessous. (I)

Aile, s’emploie aussi en Fauconnerie ; on dit : monter sur l’aile ; donner du bec & des pennes, pour exprimer les différentes manieres de voler. Monter sur l’aile, c’est s’incliner sur une des ailes, & s’élever principalement par le mouvement de l’autre. Donner du bec & des pennes, c’est accélérer le vol par l’agitation redoublée de la tête & de l’extrémité des ailes.

Aile, terme de Botanique. Les ailes des fleurs légumineuses sont les deux pétales qui se trouvent placés entre ceux que l’on a nommés le pavillon & la carene ; ce sont les mêmes pétales qui représentent les ailes de papillon dans ces mêmes fleurs auxquelles on a aussi donné le nom de papilionacées à cause de cette ressemblance. On entend aussi quelquefois par le mot d’ailes de petites branches qui sortent de la tige ou du tronc des plantes. On ne doit pas prendre le mot d’aile pour celui d’aisselle qui est l’angle que la feuille forme avec sa tige. Voyez Aisselle des plantes. On donne le nom d’aile à la petite membrane qui fait partie de certaines graines, par exemple, de celles de l’érable ; on appelle ces graines semences ailées. On dit aussi tige ailée, lorsqu’il y a de ces sortes de membranes qui s’étendent le long d’une tige. (I)

Aile, terme d’Architecture. Les Anciens comprennent généralement sous ce nom le portique & toutes les colonnes qui sont autour d’un temple, c’est-à-dire celles des faces aussi-bien que celles des côtés. Ils appelloient péripteres les temples qui avoient des ailes tout à l’entour ; & par conséquent les colonnes des faces de devant & de derriere, étoient selon eux, des ailes. Voyez Périptere.

Aile se dit, par métaphore, d’un des côtés en retour d’angle, qui tient au corps du milieu d’un bâtiment.

On dit aile droite & aile gauche par rapport au bâtiment où elles tiennent, & non pas à la personne qui le regarde ; ainsi la grande galerie du Louvre, en regardant le château du côté de la grande cour, est l’aile droite du palais des Thuileries.

On donne encore ce nom aux bas-côtés d’une Église.

Ailes de mur. Voyez Mur en ailes.

Ailes de cheminée : ce sont les deux côtés de mur dans l’étendue d’un pié, qui touche au manteau & tuyau d’une cheminée, & dans lesquels on scelle les boulins pour échafauder.

Ailes de pavé ; ce sont les deux côtés ou pente de la chaussée d’un pavée depuis le tas droit jusqu’aux bordures.

Ailes se dit aussi des deux plus petits côtés d’un vestibule. Vitruve, Lib. VI. pag. 212. (P)

Aile ; espece de bierre très-commune en Angleterre & en France. M. James, Anglois, & qui doit savoir par conséquent ce que c’est que l’aile, dit qu’elle est jaunâtre, claire, transparente & fort piquante ; qu’elle prend au nez, qu’elle est apéritive & agréable au goût ; qu’il n’y entre ni houblon ni autres plantes ameres ; & que sa grande force vient d’une fermentation extraordinaire qu’on y a excitée par quelques ingrédiens acres & piquans.

Nos Brasseurs au contraire entendent par aile, la même chose que par métiers, une liqueur sans houblon ; la premiere dissolution de la farine dans l’eau chaude, qu’on fait ensuite bouillir & dont on obtient, sans autre préparation, une liqueur doucereuse, même sucrée, mais jusqu’à la fadeur, & qui n’est pas de garde.

Ailes de saint Michel, est le nom d’un ordre de Chevalerie institué en Portugal en 1165, suivant le Pere Mendo, Jésuite, ou en 1171, suivant D. Michieli, comme on le peut voir dans son Tesoro militar de Cavalleria. Alphonse-Henri premier, Roi de Portugal, fonda cet ordre à l’occasion d’une victoire qu’il avoit remportée sur le Roi de Séville & les Sarrasins, & dont il attribuoit le succès au secours de S. Michel, qu’il avoit pris pour patron contre les Infideles.

La banniere de cet Ordre étoit une aile semblable à celles de l’Archange, de couleur de pourpre, & environnée de rayons d’or. La regle des Chevaliers étoit celle de S. Benoît. Ils faisoient vœu de défendre la Religion chrétienne, & les frontieres du Royaume, & de secourir les orphelins. Leur devise étoit quis ut Deus ? qui est en Latin la signification du mot Hébreu, Michel. (G)

Ailes, s. f. pl. en terme de Guerre, sont les deux extrémités d’une armée rangée en bataille : on les distingue en aile droite & en aile gauche. Voyez Armée, Bataillon, &c. La cavalerie est ordinairement portée sur les ailes, c’est-à-dire sur les flancs, à la droite & à la gauche de chaque ligne ; on la place ainsi afin de couvrir l’infanterie qui est au milieu. Voyez Ligne & Flanc.

Pan, l’un des Capitaines de Bacchus, est regardé comme le premier inventeur de cette maniere de ranger une armée en bataille ; & c’est-là la cause, à ce qu’on prétend, pourquoi les Anciens, qui nommoient cornua ce que nous appellons ailes aujourd’hui, representoient Pan avec des cornes à la tête. Voyez Panique.

Ce qu’il y a de certain, c’est que cette maniere de ranger les armées est très-ancienne. On sait que les Romains donnoient le nom d’ailes à deux corps de troupes de leurs armées, qui étoient placés l’un à droite & l’autre à gauche, & qui consistoient l’un & l’autre dans 400 chevaux & 4200 fantassins. Ces ailes étoient ordinairement de troupes alliées, & leur usage étoit de couvrir l’armée Romaine, comme les ailes d’un oiseau servent à lui couvrir le corps. Les troupes des ailes étoient appellées alares, & alares copiæ.

Aujourd’hui les armées sont divisées en aile droite, aile gauche, & centre.

Ailes signifie aussi les deux files qui terminent la droite & la gauche d’un bataillon ou d’un escadron. Du tems qu’on avoit des Piquiers, on les plaçoit dans le milieu, & les Mousquetaires aux ailes. (Q)

Ailes, dans la Fortification, sont les côtés ou les branches des ouvrages à corne, à couronne & autres ouvrages extérieurs. V. Ouvrage à corne, &c.

Les ailes ou côtés doivent être flanqués ou par le corps de la place, lorsqu’elles n’en sont pas trop éloignées, ou du moins par des redoutes, ou par des traverses faites dans leur fossé. Celles des ouvrages à corne placés vis-à-vis les courtines, sont flanquées ou des demi-lunes collatérales ou des faces des bastions. Il en est de même des ouvrages à corne placés vis-à vis les bastions, & des ouvrages à couronne.

Il faut observer que si l’on veut que ces ailes soient exactement défendues, leur extrémité vers la campagne ne doit être éloignée des parties qui les défendent que de la portée du fusil, c’est-à-dire de 120 ou 140 toises. Il faut aussi que la défense n’en soit pas trop oblique ; autrement elle devient très-foible, & d’un très-léger obstacle à l’ennemi. (Q)

Les Ailes du nez. Voyez Nez. (L)

Ailes de chauve-souris, vespertilionum alæ, en Anatomie, sont deux ligamens fort larges & membraneux, qui tiennent le fond de la matrice attachée aux os de l’ilium ; leur nom vient de la ressemblance qu’elles ont avec les ailes d’une chauve-souris. (N)

Ailes, nom que les Horlogers donnent aux dents d’un pignon. Voyez Dent, Pignon.

Pour que la roue mene uniformément le pignon, lorsque la dent rencontre l’aile dans la ligne des centres, il faut que la face de cette aile soit une ligne droite tendante au centre. Voyez Roue, Engrenage. (T)

Ailes, se dit, en Jardinage, des arbres ou des plantes qui poussant des branches à côté les unes des autres, forment des especes d’ailes. On voit aux artichaux, des pommes à côté du principal montant & sur la même tige ; ces pommes sont appellées les ailes d’un pié d’artichaux. (K)

Ailes, terme de Tourneur ; ce sont deux pieces de bois plates & triangulaires qu’on attache en travers à une des poupées du tour, pour lui servir de support, quand on veut tourner des quadres ronds.

Ailes, ou Ailerons, en terme de Vitrier, sont les extrémités les plus minces du plomb qui entretiennent les pieces de verre dont un panneau de vitre est composé ; & qui recouvrant de part & d’autre ces mêmes pieces, empêchent que le vent ni la pluie ne passent entre le plomb & le verre. Voyez Lingotiere.

Ailes, (Manége) les ailes de la lance sont les pieces de bois qui forment l’endroit le plus large de la lance au-dessus de la poignée. Voyez Lance. (V)

Ailes, en Blason, se portent quelquefois simples & quelquefois doubles ; on appelle ces dernieres ailes conjointes. Quand les pointes sont tournées vers le bas de l’écusson, on les nomme ailes renversées, & ailes élevées, quand les pointes sont en haut. Voyez Vol. (V)

Ailes, (terme de riviere.) sont deux planches formant arrondissement, de trois pouces d’épaisseur, que l’on met au bout des semelles d’un bateau foncet en avant & en arriere.

Aile, partie de moulin à vent. Voyez Moulin.

Aile de fiche, ou Couplet ; c’est la partie de ces ouvrages de serrurerie qui s’attache sur le bois, & qui est entraînée dans le mouvement d’une porte, d’une fenêtre, d’un volet brisé ; en un mot, on donne le nom d’aile, à tout ce qui n’est pas la charniere.

Aile, se dit de la partie des lardoires à l’usage des cuisiniers & rotisseurs, qui est fendue en plusieurs parties, & évasée autant qu’il le faut pour recevoir le lard, dont on veut piquer une viande.