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* ABNAKIS, s. m. Peuple de l’Amérique septentrionale, dans le Canada. Il occupe le 309. de long. & le 46. de lat.

* ABO, grande ville maritime de Suede, capitale des Duché & Province de Finlande méridionale. Lon. 41. lat. 61.

* ABOERA, s. ville d’Afrique, sur la côte d’or de Guinée.

ABOILAGE, s. m. vieux terme de Pratique, qui signifie un droit qu’a le Seigneur sur les abeilles qui se trouvent dans l’étendue de sa Seigneurie. Ce terme est dérivé du mot aboille, qu’on disoit anciennement pour abeille. (H).

ABOIS, s. m. pl. terme de chasse. Il marque l’extrémité où le cerf est réduit, lorsqu’excédé par une longue course il manque de force, & regarde derriere lui si les chiens sont toûjours à ses trousses, pour prendre du relâche ; on dit alors que le cerf tient les abois.

Derniers abois. Quand la bête tombe morte, ou outrée, on dit la bête tient les derniers abois.

ABOIT, s. Quelques-uns se servent de ce mot pour signifier la céruse. V. Abit, Céruse, Blanc de Plomb. (M.).

ABOKELLE. Voyez Abukelb. (G.).

ABOLITION, s. f. en général, est l’action par laquelle on détruit ou on anéantit une chose.

Ce mot est latin, & quelques-uns le font venir du Grec, ἀπολλύω ou ἀπόλλυμι, détruire ; mais d’autres le dérivent de ab & olere, comme qui diroit anéantir tellement une chose qu’elle ne laisse pas même d’odeur.

Ainsi abolir une loi, un réglement, une coûtume, c’est l’abroger, la révoquer, l’éteindre, de façon qu’elle n’ait plus lieu à l’avenir. V. Abrogation, Révocation, Extinction, &c.

Abolition, en terme de Chancellerie, est l’indulgence du Prince par laquelle il éteint entierement un crime, qui selon les regles ordinaires de la Justice, & suivant la rigueur des Ordonnances. étoit irrémissible ; en quoi abolition differe de grace ; cette derniere étant au contraire le pardon d’un crime qui de sa nature & par ses circonstances est digne de remission : aussi les Lettres d’abolition laissent-elles quelque note infamante ; ce que ne font point les Lettres de grace.

Les Lettres d’abolition s’obtiennent à la grande Chancellerie, & sont adressées, si elles sont obtenues par un Gentilhomme, à une Cour souveraine, sinon, à un Bailli ou Sénéchal. (H)

* ABOLLA, s. habit que les Philosophes affectoient de porter, que quelques-uns confondent avec l’exomide : cela supposé, c’étoit une tunique sans manches, qui laissoit voir le bras & les épaules ; c’est delà qu’elle prenoit son nom. C’étoit encore un habit de valets & de gens de service.

ABOMASUS, ABOMASUM, ou ABOMASIUM, s. m. dans l’Anatomie comparée, c’est un des estomacs ou ventricules des animaux qui ruminent. Voyez Ruminant. Voyez aussi Anatomie comparée.

On trouve quatre estomacs dans les animaux qui ruminent ; savoir, le rumen ou estomac proprement dit, le reticulum, l’omasus & l’abomasus. Voyez Rumination.

L’Abomasus, appellé vulgairement la caillette, est le dernier de ces quatre estomacs : c’est l’endroit où se forme le chyle, & d’où la nourriture descend immédiatement dans les intestins.

Il est garni de feuillets comme l’omasus : mais ses feuillets ont cela de particulier, qu’outre les tuniques dont ils sont composés, ils contiennent encore un grand nombre de glandes qui ne se trouvent dans aucun des feuillets de l’omasus. Voyez Omasus, &c.

C’est dans l’Abomasus des veaux & des agneaux que se trouve la presure dont on se sert pour faire cailler le lait. Voyez Presure. (L)

* ABOMINABLE, DÉTESTABLE, EXÉCRABLE, synonymes. L’idée primitive & positive de ces mots est une qualification de mauvais au suprème degré : aussi ne sont-ils susceptibles, ni d’augmentation, ni de comparaison, si ce n’est dans le seul cas où l’on veut donner au sujet qualifié le premier rang entre ceux à qui ce même genre de qualification pourroit convenir : ainsi l’on dit la plus abominable de toutes les débauches, mais on ne diroit gueres une débauche très-abominable, ni plus abominable qu’une autre : exprimant par eux-mêmes ce qu’il y a de plus fort, ils excluent toutes les modifications dont on peut accompagner la plûpart des autres épithetes. Voilà en quoi ils sont synonymes.

Leur différence consiste en ce qu’abominable paroît avoir un rapport plus particulier aux mœurs, détestable au goût, & exécrable à la conformation. Le premier marque une sale corruption ; le second, de la dépravation ; & le dernier, une extrème difformité.

Ceux qui passent d’une dévotion superstitieuse au libertinage, s’y plongent ordinairement dans ce qu’il y a de plus abominable. Tels mets sont aujourd’hui traités de détestables, qui faisoient chez nos peres l’honneur des meilleurs repas. Les richesses embellissent aux yeux d’un homme intéressé la plus exécrable de toutes les créatures.

ABOMINATION, s. f. Les Pasteurs de brebis étoient en abomination aux Égyptiens. Les Hébreux devoient immoler au Seigneur dans le desert les abominations des Egyptiens, c’est-à-dire, leurs animaux sacrés, les bœufs, les boucs, les agneaux & les beliers, dont les Egyptiens regardoient les sacrifices comme des abominations & des choses illicites. L’Ecriture donne d’ordinaire le nom d’abomination à l’Idolatrie& aux Idoles, tant à cause que le culte des Idoles en lui-même est une chose abominable, que parce que les cérémonies des idolatres étoient presque toûjours accompagnées de dissolutions & d’actions honteuses & abominables. Moyse donne aussi le nom d’abominable aux animaux dont il interdit l’usage aux Hébreux. Genes. xli. 34. Exod. viii. 26.

L’Abomination de désolation prédite par Daniel, c. ix. v. 27. marque, selon quelques Interpretes, l’Idole de Jupiter Olympien qu’Antiochus Epiphane fit placer dans le Temple de Jérusalem. La même abomination de désolation dont il est parlé en S. Marc, c. vi. v. 7. & en S. Math. c. xxiv. v. 15. qu’on vit à Jérusalem pendant le dernier siége de cette ville par les Romains, sous Tite, ce sont les Enseignes de l’armée Romaine, chargées de figures de leurs Dieux & de leurs Empereurs, qui furent placées dans le Temple après la prise de la Ville & du Temple. Calmet, Dictionn. de la Bible, tom. I. lett. A. pag. 21. (G)

ABONDANCE, s. f. Divinité des Payens que les anciens monumens nous représentent sous la figure d’une femme de bonne mine, couronnée de guirlandes de fleurs, versant d’une corne qu’elle tient de la main droite toutes sortes de fruits ; & répandant à terre de la main gauche des grains qui se détachent pêle-mêle d’un faisceau d’épis. On la voit avec deux cornes, au lieu d’une, dans une médaille de Trajan.

Abondance, Plénitude, Voyez Fécondité, Fertilité, &c. Les Étymologistes dérivent ce mot d’ab & unda, eau ou vague, parce que dans l’abondance les biens viennent en affluence, & pour ainsi dire comme des flots.

L’abondance portée à l’excès dégénere en un défaut qu’on nomme regorgement ou redondance. Voyez Redondance, Surabondance.

L’Auteur du Dictionnaire Œconomique donne dif-