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donne. La métemptose est le changement qu’on fait au cycle des épactes dans les années séculaires non bissextiles : & la proemptose est le changement qu’on fait à ce cycle au bout de 300 ans, à cause du peu d’exactatide du cycle des 19 ans. On ne fait ces changemens qu’au bout de chaque siecle, parce que ce tems est plus remarquable & rend la pratique du calendrier plus aisée.

Pour pouvoir faire facilement ces changemens, on a construit deux tables. Dans la premiere on a disposé par ordre tous les cycles possibles des épactes, dont le premier commence à 30 ou *, & finit à 18 ; & le dernier commence à 1, & finit à 19 ; ce qui fait en tout 30 cycles d’épactes, & on a mis à la tête de chacun de ces cycles différentes lettres de l’alphabet pour les distinguer. Ensuite on a construit une autre table des années séculaires ; & à la tête de ces années on a mis la lettre qui répond au cycle des épactes dont on doit se servir durant le siecle par lequel chacune de ces années commence.

Ces lettres marquées ainsi au commencement de chaque cycle des épactes s’appellent leur indice. Ainsi le cycle 22, 3, 14, &c. qui est le cycle des épactes pour ce siecle, est marqué de l’indice C, & ainsi des autres. Voyez Epacte.

Cela posé, il y a trois regles pour changer le cycle des épactes. 1°. Quand il y a métemptose, proemptose, il faut prendre l’indice suivant ou inférieur ; 2°. quand il y a proemptose sans métemptose, on prend l’indice précédent ou supérieur ; 3°. quand il y a proemptose & métemptose, ou qu’il n’y a ni l’une ni l’autre, on garde le même indice. Ainsi en 1600 on avoit le cycle 23, 4, 15, &c. qui est marqué de l’indice D. En 1700 qui n’a point été bissextile, on a pris C. En 1800 il y aura proemptose & métemptose, & ainsi on retiendra l’indice C. En 1900 il y aura encore métemptose, & en prendra B qu’on retiendra en 2000, parce qu’il n’y aura ni l’une ni l’autre.

La raison de ces différentes opérations est 1°. que la métemptose fait arriver la nouvelle lune un jour plus tard ; ainsi il faut augmenter de l’unité chaque chiffre du cycle des épactes. Car si l’épacte est, par exemple, 23, la nouvelle lune devroit arriver suivant le calendrier des épactes, à tous les jours de chaque mois où le chiffre 23 est marqué. Mais à cause de l’année non bissextile elle n’arrivera que le jour suivant qui a 24 ; ainsi il faudra prendre 24 au lieu de 23 pour épactes, & ainsi des autres.

2°. Quand il y a proemptose seulement, la nouvelle lune arrive réellement un jour plutôt que ne le marque le calendrier des épactes. Ainsi il faut alors diminuer chaque nombre du cycle d’une unité, par conséquent on prend le cycle supérieur.

3°. Quand il n’y a ni métemptose ni proemptose, on garde le cycle où l’on est, parce que l’épacte donne alors assez exactement la nouvelle lune ; & on garde aussi ce même cycle, quand il y a métemptose & proemptose, parce que l’une fait retarder la nouvelle lune d’un jour ; & l’autre la fait avancer d’autant : ainsi elles détruisent réciproquement leur effet. Voyez Clavius qui a fait le calcul d’un cycle de 301800 ans, au bout duquelle tems les mêmes indices reviennent & dans le même ordre. Chambers. (O)

MÉTEMPSYCOSE, s. f. (Métaph.) les Indiens, les Perses, & en général tous les orientaux, admettoient bien la métempsycose comme un dogme particulier, & qu’ils affectionnoient beaucoup ; mais pour rendre raison de l’origine du mal moral & du mal physique, ils avoient recours à celui des deux principes qui étoit leur dogme favori & de distinction. Origene qui affectoit un christianisme tout métaphy-

sique, enseigne que ce n’étoit ni pour manifester sa

puissance, ni pour donner des preuves de sa bonté infinie, que Dieu avoit créé le monde ; mais seulement pour punir les ames qui avoient failli dans le ciel, qui s’étoient écartées de l’ordre. Et c’est pour cela qu’il a entremélé son ouvrage de tant d’imperfections, de tant de défauts considérables, afin que ces intelligences dégradées, qui devoient être ensevelies dans les corps, souffrissent davantage.

L’erreur d’Origene n’eut point de suite ; elle étoit trop grossiere pour s’y pouvoir méprendre. A l’égard de la métempsycose, on abusa étrangement de ce dogme, qui souffrit trois especes de révolutions. En premier lieu les orientaux & la plûpart des Grecs croyoient que les ames séjournoient tour-à-tour dans les corps des différens animaux, passoient des plus nobles aux plus vils, des plus raisonnables aux plus stupides ; & cela suivant les vertus qu’elles avoient pratiquées, ou les vices dont elles s’étoient souillées pendant le cours de chaque vie. 2°. Plusieurs disciples de Pythagore & de Platon ajouterent que la même ame, pour surcroit de peine, alloit encore s’ensevelir dans une plante ou dans un arbre, persuadé que tout ce qui végete a du sentiment, & participe à l’intelligence universelle. Enfin quand le Christianisme parut, & qu’il changea la face du monde en découvrant les folles impiétés qui y régnoient, les Celses, les Crescens, les Porphyres eurent honte de la maniere dont la métempsycose avoit été proposée jusqu’à eux ; & ils convinrent que les ames ne sortoient du corps d’un homme que pour entrer dans celui d’un autre homme. Par-là, disoient-ils, on suit exactement le fil de la nature, où tout se fait par des passages doux, liés, homogenes, & non par des passages brusques & violens ; mais on a beau vouloir adoucir un dogme monstrueux au fond, tout ce qu’on gagne par ces sortes d’adoucissemens, c’est de le rendre plus monstrueux encore.

MÉTEMPSYCOSISTES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) anciens hérétiques qui croyoient la métempsycose conformément au système de Pythagore, ou la transmigration des ames. Voyez Métempsycose.

MÉTÉORE, s. m. (Physiq.) corps ou apparence d’un corps qui paroît pendant quelque tems dans l’atmosphere, & qui est formé des matieres qui y nagent.

Il y en a de trois sortes : 1°. les météores ignés, composés d’une matiere sulphureuse qui prend feu ; tels sont les éclairs, le tonnerre, les feux follets, les étoiles tombantes, & d’autres qui paroissent dans l’air. Voyez Tonnerre, Feu follet, &c.

2°. Les météores aériens, qui sont formés d’exhalaisons. Voyez Exhalaison.

3°. Les météores aqueux qui sont composés de vapeurs, ou de particules aqueuses ; tels sont les nuages, les arcs-en-ciel, la grêle, la neige, la pluie, la rosée, & d’autres semblables. Voyez Nuage, Arc-en-ciel, Grêle, Pluie, &c. Chambers.

MÉTÉORISME, s. m. (Med.) μετεωρισμος ; ce mot est dérivé de μετα & αιρω, qui signifie je leve, je suspends, d’où sont formés μετεωριζω & μετεωρος, Hippocrate se sert souvent de cette expression pour désigner une respiration sublime qu’on appelle athopnée, des douleurs superficielles, profondes, &c. c’est ainsi qu’il dit πνευμα μετεωρον αλγηκατα μετεωρα ; & il emploie le mot de météorisme pour exprimer une tumeur fort élevée (Epid. lib. V.), & il attache dans un autre endroit à ce mot une signification toute différente (Coac. prænot. n°. 494.), lorsqu’il l’applique à un malade qui se leve pour s’asseoir, & il en tire un bon signe quand il le fait d’une façon aisée. Dans les ouvrages récens de Médecine on appelle plus proprement météorisme une tension & élévation douloureuse du bas-ventre, qu’on observe dans les fievres putrides, & qui manque rarement dans celles