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Ministres du Roi sont des personnes envoyées de sa part dans les cours étrangeres pour quelques négociations : tels sont les ambassadeurs ordinaires & extraordinaires, les envoyés ordinaires & extraordinaires, les ministres plénipotentiaires ; ceux qui ont simplement le titre de ministre du roi dans quelque cour ou à quelque diete, les résidens & ceux qui sont chargés des affaires du roi auprès de quelque république ; quoique ces ministres ne soient pas tous de même ordre, on les comprend cependant tous sous la dénomination générale des ministres du roi.

Les cours étrangeres ont aussi des ministres résidens près la personne du roi, de ce nombre est le nonce du pape ; les autres sont, comme les ministres du roi, des ambassadeurs ordinaires & extraordinaires, des envoyés ordinaires & extraordinaires, des ministres plénipotentiaires, des personnes chargées des affaires de quelque prince ou république ; il y a aussi un agent pour les villes anséatiques.

Le nombre des ministres du roi dans les cours étrangeres, & celui des ministres des cours étrangeres résidens près le roi, n’est pas fixe, les princes envoient ou rappellent leurs ambassadeurs & autres ministres, selon les diverses conjonctures.

Les ministres des princes dans les cours étrangeres signent au nom de leur prince les traités de paix & de guerre, d’alliance, de commerce & d’autres négociations qui se font entre les cours.

Lorsqu’on fait venir quelque expédition d’un jugement ou autre acte public, passé en pays étranger, pour s’en servir dans un autre état, on la fait légaliser par le ministre que le prince de cet état a dans les pays étranger d’où l’acte est émané, afin que foi soit ajoutée aux signatures de ceux qui ont expédié ces actes ; le ministre signe cette légalisation, & la fait contresigner par son secrétaire & sceller de son sceau. (A)

Ministres, élection des, (Hist. ecclés. mod. des Provinces-Unies.) Il est bon d’indiquer la maniere dont se font les élections des ministres de l’Evangile dans les Provinces-Unies.

Quand il manque un ministre dans une église, le consistoire s’assemble & envoie des députés au magistrat, pour lui demander la permission de remplir la place vacante. C’est ce qu’on appelle en hollandois hand-opening.

Cette permission obtenue, on fait dans une nouvelle assemblée, à la pluralité des voix, une nomination de trois personnes que l’on présente au magistrat. Quand il approuve ces trois personnes nommées, le consistoire se rassemble, & l’on choisit un des trois que l’on présente encore au magistrat, pour avoir son approbation ; c’est-là ce qu’on appelle élection. Quand les magistrats approuvent celui qui est élu, on publie son nom trois fois devant toute l’assemblée, pour savoir si l’on a quelque chose à représenter contre sa doctrine, ou contre ses mœurs ; & quand il n’y a rien, il est installé. Ajoutons qu’avant que les proclamations se fassent, la vocation doit être approuvée par le corps ecclésiastique, soit classe, soit synode.

Quelquefois les magistrats laissent aux consistoires une entiere liberté de choisir qui il leur plaît ; mais quelquefois il arrive aussi qu’ils protegent une certaine personne, sur qui ils veulent faire tomber leur choix : en ce cas ils desapprouvent les nominations jusqu’à ce que celui qu’ils souhaitent s’y trouve ; & improuvent les élections jusqu’à ce que le consistoire ait choisi ce sujet : quelquefois même ils font savoir au consistoire qu’il fera bien de jetter les yeux sur un tel ; ce qui est un équivalent à un ordre exprès.

Il y a dans les Provinces-Unies plusieurs églises ou bénéfices auxquels des particuliers nomment,

comme en Angleterre ; cependant celui qui est nommé, doit être approuvé par l’assemblée. Dans ces cas de présentation ou de nomination par un seigneur particulier, celui-ci notifie son choix au consistoire, qui fait ensuite la cérémonie d’élire le même sujet ; & cette élection, avec la nomination du patron, doit être approuvée par la classe ou par le synode.

Il faut remarquer encore qu’il y a plusieurs autres variétés par rapport aux élections. Par exemple, celles qui se font par un college qualifié, ainsi qu’on le nomme, sont très-différentes des précédentes ; & cette voie est en usage dans la province de Zélande pour les églises hollandoises. Une église a besoin d’un pasteur ; elle demande à la classe dont elle releve, la permission de faire une élection aussi-bien qu’au magistrat. Munie de ces permissions, elle procede au choix de la maniere suivante : le magistrat envoie deux, trois ou quatre députés, cela varie, qui forment avec le consistoire le college qualifié : ce college fait l’élection à la pluralité des voix, & cette élection ne peut être cassée : elle n’est soumise qu’au corps ecclésiastique, dont elle doit encore avoir l’approbation. (D. J.)

MINIUM, s. m. (Chimie & Art.) c’est ainsi qu’on nomme une préparation du plomb qui est d’un rouge très-vif, mais tirant toujours un peu sur le jaune. On l’appelle aussi vermillon : c’est une couleur très usitée dans la peinture.

Pour faire du minium, on n’aura qu’à prendre de la céruse, c’est-à-dire du plomb dissout par le vinaigre ; cette matiere est d’une couleur blanche ; on mettra cette céruse dans un fourneau de réverbere, de maniere que la flamme puisse rouler sur elle ; on donnera d’abord un feu modéré pendant quelque tems, ensuite on l’augmentera tout-d’un-coup lorsque la céruse sera changée en un poudre grise, on donnera un degré de feu qui soit prêt à faire fondre la chaux de plomb. Pendant cette opération, on remuera sans cesse la chaux de plomb, & lorsqu’elle sera devenue d’un beau rouge, on la retirera. Dans cette opération, c’est la flamme qui donne à la chaux de plomb cette belle couleur rouge, & la chaux augmente considérablement de poids.

Une autre maniere de faire le minium, c’est de faire fondre du plomb pour le convertir en une chaux ou poudre grise, qui se forme perpétuellement à sa surface ; lorsque le plomb est entierement réduit en cette chaux, on l’écrase sous des meules pour la réduire en une poudre très-fine ; on met cette poudre dans un fourneau de réverbere où on la tiendra pendant trois ou quatre jours, en observant de la remuer sans cesse avec un crochet de fer, jusqu’à ce que la matiere ait pris la couleur que l’on demande. Il faudra aussi bien veiller à ne point donner un feu trop violent qui feroit fondre la matiere, & la mettroit en grumeaux.

Pline & les auteurs anciens donnoient le nom de minium non à la substance que nous venons de décrire, mais au cinnabre. Voyez Cinnabre. (—)

Minium, (Pharmacie & Mat. méd.) cette matiere métallique est employée dans les préparations pharmaceutiques destinées à l’usage extérieur, & principalement dans les emplâtres. Le minium, qui est appellé aussi plomb rouge dans les Pharmacopées, est regardé comme dessiccatif, repercussif, refrigérant, aussi-bien que les autres préparations de plomb. C’est sur-tout avec la litharge, autre préparation de plomb fort usuelle, qu’on lui croit le plus d’analogie. On peut l’employer aussi bien que les autres chaux de plomb à préparer un vinaigre & un sel de saturne. Voyez Litharge & Plomb.

Son emploi le plus ordinaire est, comme nous