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ment d’entre les spahis, & ils sont au nombre de six cens. Leurs habits sont de brocard d’or, fourrés de martre, & ils portent une masse d’armes. Il y a des commanderies ou timars plus considérables que ceux des spahis, affectés à cet office ; & les mutaferacas y parviennent par droit d’ancienneté : on leur donne de tems en tems des commissions lucratives, pour suppléer à la modicité de leur paie ordinaire, qui les oblige à s’attacher au service de quelque visir ou bacha. Ils font même cortege au grand-visir lorsqu’il se rend au divan ; mais quand le grand-seigneur marche, ils sont obligés de l’accompagner. On fait venir leur nom de farak, qui signifie distingué, pour marquer que les mutaferacas sont des spahis ou cavaliers distingués. Ricaut, de l’empire ottoman. (G)

MUTANDE, s. f. (Hist. ecclés.) c’est le caleçon ou l’habit de dessous, à l’usage des capucins & autres religieux.

MUTATION, s. f. (Gramm.) changement, révolution. Il se dit des terres & de leurs propriétaires. il y a des droits de mutations, voyez Mutation, Jurisprudence. Le mépris de l’honneur, de la liberté, de la vertu, de la science & des savans, annonce dans un état quelque mutation funeste.

Mutation, s. f. (Jurispr.) signifie changement ; ce terme est usité principalement en matiere féodale ; il y a mutation de seigneur & mutation de vassal, ou du propriétaire d’un héritage roturier. La mutation du seigneur arrive toutes les fois que la propriété du fief dominant passe d’une main dans une autre, soit par mort ou autrement. Les mutations de vassal ou propriétaire, sont de plusieurs sortes ; les unes qui arrivent par mort, & celles-ci se subdivisent en mutations en ligne directe, & mutations en ligne collatérale, lorsque le fief passe par succession à un descendant du défunt ou à un parent collatéral. Il y a aussi des mutations par vente, d’autres par contrat équipollent à vente, d’autres par donation & autres actes. Il n’est rien dû communément aux mutations de seigneur, ni pour les mutations de vassal pas succession ou donation en ligne directe ; mais il est dû un relief pour mutation de vassal en collatérale, & pour les mutations par vente ou contrat équipollent à vente. Il est dû pour les fiefs un droit de quint, & pour les rotures un droit de lods & ventes. Voyez Droits seigneuriaux, Fief, Lods et ventes, Quint, Requint. (A)

Mutation, (Géog.) en latin mutatio ; ce terme se dit en Géographie de certains lieux de l’empire Romain, où les couriers publics, les grands officiers qui voyageoient pour le service de l’état, &c. trouvoient des relais & changeoient de chevaux. On entretenoit dans ces lieux des chevaux exprès comme dans nos postes, pour qu’ils en pussent changer & continuer promptement leur route. Avec le tems on en établit pour tous les voyageurs qui vouloient payer. Delà vient que le mot mutatio se trouve si souvent répété dans les itinéraires.

Mutation differe de mansion, mansio, en ce que le premier signifie un lieu où l’on change de chevaux, & le second un gîte où l’on couche, & où même on peut faire le séjour nécessaire pour se délasser d’une trop grande fatigue. (D. J.)

MUTAZALITES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) nom d’une secte de la religion mahométane, qui est regardée comme hérétique par les autres. Ils avouent que Dieu est éternel, très-sage, très-puissant, mais ils nient qu’il soit éternel par son éternité, sage par sa sagesse, puissant par sa puissance, parce qu’ils s’imaginent que cela prouveroit multiplicité en Dieu.

MUTÉ, vin, Voyez Mout.

MUTILATION, s. f. (Gramm.) il se dit du retranchement de quelque partie essentielle à un tout. On mutile un animal en le privant d’un de ses mem-

bres ; un ouvrage, en en supprimant différens endroits.

On a mutilé tous les anciens auteurs à l’usage de la jeunesse qu’on éleve dans les colléges, de peur qu’en leur apprenant une langue ancienne dont la connoissance ne leur est pas essentielle, on ne flétrît l’innocence de leurs mœurs. On mutile un tableau, une machine, &c.

Mutilation, s. f. en Droit & en Medecine, est le retranchement d’un membre ou partie extérieure du corps, comme le nez, les oreilles, ou autre. En matiere criminelle on n’inflige guere de peine afflictive qu’il n’y ait au moins mutilation de membres. (A)

MUTILER, v. act. terme d’Architecture, c’est retrancher la saillie d’une corniche de quelque ordre que ce soit, ou quelques membres. On dit alors un ordre mutilé, qui n’a pas tous ses membres ou moulures. (P)

MUTIMUS, s. m. (Mytholog.) Turnebe, adversar. lib. XVII. dit que c’étoit le dieu du Silence, ainsi nommé de mutire, qui signifie parler entre ses dents, comme font ceux qui n’osent pas déclarer ouvertement leurs pensées ; mais je ne trouve point de dieu Mutimus ni dans les Mythologistes ni dans les Poëtes. C’est un dieu de l’invention de quelque moderne. (D. J.)

MUTINA, (Géogr. anc.) Polybe & l’itinéraire d’Antonin écrivent Motina, & les autres auteurs Motina ; ville d’Italie dans la Gaule Cispadine, entre les fleuves Gabellus & Scultenna, sur la voie æmilienne. Elle devint colonie romaine en même tems que Parme & Aquilée. Ciceron l’appelle firmissima & splendissima populi romani colonia. Tacite, hist. liv. I. ch. l. & la plûpart des historiens latins, ont décrit les maux que cette colonie souffrit durant les guerres civiles ; c’est ce qui a fait dire à Lucain, phars. liv. I. v. 41,

His Cæsar, perusine fames, Mutinæque labores.

Mutina est aujourd’hui la ville de Modene. Voyez Modene. (D. J.)

MUTITATION, s. f. (Hist. anc.) coutume établie chez les Romains, qui consistoit à inviter pour le lendemain chez soi ceux qu’on avoit eu pour convives chez un autre.

MUTONS, (Hist. nat.) espece d’oiseaux du Brésil qui sont de la grosseur d’un paon, & à qui ils ressemblent pour le plumage. On dit que leur chair est un manger très-délicat.

MUTSIE, s. f. (Commerce.) petite mesure des liqueurs dont les détailleurs se servent à Amsterdam. Le mingle se divise en deux pintes, en quatre demi-pintes, & en huit mutsies. Il y a aussi des demi-mutsies. Voyez Mingle. Dictionn. de Commerce. (G)

MUTUEL, adj. (Gramm.) terme qui marque le retour, la réciprocité. Deux amans brûlent d’un amour mutuel ; deux freres ont l’un pour l’autre une tendresse mutuelle. Les hommes devroient tous être animés d’une bienveillance mutuelle. Toute obligation est mutuelle, sans en excepter celle des rois envers leurs sujets. Les rois sont obligés de rendre heureux leurs sujets, les sujets d’obéir à leurs rois ; mais si l’un manque à son devoir, les autres n’en sont pas moins obligés de persévérer dans le leur.

MUTULE, terme d’Architecture, est une sorte de modillons quarrés dans la corniche de l’ordre dorique. Voyez Modillon.

La principale différence qu’il y a entre mutule & modillon, consiste en ce que le premier ne se dit qu’en parlant de l’ordre dorique, au lieu qu’on dit modillon pour les autres ordres. Voyez Dorique, &c.

Les mutules dans l’ordre dorique répondent aux triglyphes qui sont au-dessous, d’où l’on fait quel-