ils prendroient l’auxiliaire être : chacune de ces conjugaisons pourroit se diviser, par rapport à la formation des tems simples, en d’autres especes subalternes. M. l’abbé de Dangeau n’étoit pas éloigné de cette voie, quand il exposoit la conjugaison des verbes par section ; & je ne doute pas qu’un partage fondé sur ce principe ne jettât quelque lumiere sur nos conjugaisons. Voyez Paradigme.
Au reste, il est important d’observer que nous avons plusieurs verbes qui forment leurs prétérits ou par l’auxiliaire avoir, ou par l’auxiliaire être ; tels sont convenir, demeurer, descendre, monter, passer, repartir : & la plûpart dans ce cas changent de sens en changeant d’auxiliaire.
Convenir se conjuguant avec l’auxiliaire avoir, signifie être convenable : si cela m’avoit convenu, je l’aurois fait ; c’est-à-dire, si cela m’avoit été convenable. Lorsqu’il se conjugue avec l’auxiliaire être, il signifie avouer ou consentir : vous etes convenu de cette premiere vérité, c’est-à-dire, vous avez avoué cette premiere vérité ; ils sont convenus de le faire, c’est-à-dire, ils ont consenti à le faire.
Demeurer se conjugue avec l’auxiliaire avoir, quand on veut faire entendre que le sujet n’est plus au lieu dont il est question, qu’il n’y étoit plus, ou qu’il n’y sera plus dans le tems de l’époque dont il s’agit : il a demeuré long-tems à Paris, veut dire qu’il n’y est plus ; j’avois demeuré six ans à Paris lorsque je retournai en province, il est clair qu’alors je n’y étois plus. Quand il se conjugue avec l’auxiliaire être, il signifie que le sujet est en un autre lieu dont il est question, qu’il y étoit, ou qu’il y sera encore dans le tems de l’époque dont il s’agit : mon frere est demeuré à Paris pour finir ses études, c’est à-dire qu’il y est encore ; ma sœur étoit demeurée à Rheims pendant les vacances, c’est-à dire qu’elle y étoit encore.
Les trois verbes de mouvement descendre, monter, passer, prennent l’auxiliaire avoir, quand on exprime le lieu par où se fait le mouvement : nous avons monté ou descendu les degrés ; nous avons passé par la Champagne après avoir passé la Meuse. Ces mêmes verbes prennent l’auxiliaire être, si l’on n’exprime pas le nom du lieu par où se fait le mouvement, quand même on exprimeroit le lieu du départ ou le terme du mouvement : votre fils étoit descendu quand vous êtes monté dans ma chambre ; notre armée étoit passée de Flandre en Alsace.
Repartir signifie répondre, ou partir une seconde fois ; les circonstances les font entendre : mais dans le premier sens il forme ses préterits avec l’auxiliaire avoir ; il a reparti avec esprit, c’est-à-dire, il a répondu : dans le second sens il prend à ses prétérits l’auxiliaire être ; il est reparti promptement, c’est-à-dire, il s’en est allé.
Le verbe perir se conjugue assez indifféremment avec l’un ou l’autre des deux auxiliaires : tous ceux qui étoient sur ce vaisseau ont péri, ou sont péris.
On croit assez communément que le verbe aller prend quelquefois l’auxiliaire avoir, & qu’alors il emprunte été du verbe être ; l’abbé Regnier le donne à entendre de cette sorte (Gramm. fr. in-12. pag. 389.) Mais c’est une erreur : dans cette phrase, j’ai été à Rome on ne fait aucune mention du verbe aller, & elle signifie littéralement en latin fui Romæ ; si elle rappelle l’idée d’aller, c’est en vertu d’une métonymie, ou si vous voulez, d’une métalepse du conséquent qui réveille l’idée de l’antécédent, parce qu’il faut antecédemment aller à Rome pour y être, & y être allé pour y avoir été. Ce n’est donc pas en parlant de la conjugaison, qu’un grammairien doit traiter du choix de l’un de ces tours pour l’autre ;
c’est au traité des tropes qu’il doit en faire mention. (B. E. R. M.)
Neutre, sel, (Chimie.) voyez sous le mot Sel.
NEUVAINE, s. f. (Théol.) prieres continuées pendant neuf jours dans une église en l’honneur de quelque saint, pour implorer son secours en quelque nécessité.
Neuvaine, s. f. (mesure de grains.) mesure des blés dont on se sert dans quelques endroits du Lyonnois, particulierement depuis Trevoux jusqu’à Montmerle, & de Traverse jusqu’à S. Trivier. Cent neuvaines font cent douze ânées de Lyon.
NEUVIEME, s. m. (Arithmét.) c’est la partie d’un tout divisé en neuf portions égales.
En fait de fractions ou nombres rompus, de quelque tout que ce soit, un neuvieme, trois neuviemes, cinq neuviemes, sept neuviemes, s’écrivent ainsi, ; la verge ou yard d’Angleterre, qui est une mesure des longueurs, contient sept neuviemes d’aunes de Paris.
Neuvieme, adj. en Musique, est l’octave de la seconde. Cet intervalle porte le nom de neuvieme, parce qu’il faut former neuf sons pour passer diatoniquement d’un de ces termes à l’autre.
Il y a un accord par supposition qui s’appelle accord de neuvieme, pour le distinguer de l’accord de seconde qui se prépare, s’accompagne & se sauve différemment. L’accord de neuvieme est formé par un son ajouté à la basse une tierce au-dessous de l’accord de septieme ; en sorte que la septieme même fait neuvieme sur ce nouveau son. La neuvieme s’accompagne par conséquent de tierce & quinte, & quelquefois de septieme. La quatrieme note du ton est généralement celle sur laquelle cet accord convient le mieux ; la basse y doit toujours arriver en montant, & le dessus doit syncoper. Voyez Syncope, Supposition, Accord.
NEUVILLER, (Géogr.) petite ville de France en Alsace, au pié d’une haute montagne. Long. 25, 4 lat. 48. 20.
NEUVY, (Géog.) ce mot a été formé du latin Novus vicus, ou de Noviacus, Noviacum, mots corrompus de Novus vicus. Tous les lieux en France appellés Neuvy, ont cette origine ; c’est pourquoi le village en Berry nommé Neuvy-sur Barangeon ne peut pas être la ville Noviodunum, que l’armée de César trouva sur son chemin dans le pays des Bituriges (le Berry), lorsqu’elle s’approcha de l’armée de Vercingentorix. M. Lancelot l’a prouvé contre l’opinion de M. de Valois.
NEWCASTLE, (Géogr.) ville d’Angleterre, capitale du Northumberland, avec titre de duché. Elle est grande, bien peuplée, négociante, riche & bâtie sur le penchant d’une colline avec un quai sur la riviere pour la commodité des vaisseaux qui y abordent.
On nommoit anciennement le lieu où l’on a bâti Newcastle, Girviorum regio. Cambden dit qu’elle s’appelloit autrefois Monkester, & qu’elle ne prit le nom de Newcastle, qui signifie château neuf, que d’un château qui y fut élevé pour sa défense par le prince Robert, fils de Guillaume le Conquérant. On en voit encore quelques pans de murailles.
C’est à Newcastle que se fait le grand négoce du charbon de-terre, cette ville étant presque toute environnée de mines de charbon qu’on y prend pour l’usage. Londres seule en consomme 600 mille chaldrons par année à 26 boisseaux le chaldron. De-là vient qu’on voit presque toujours à Newcastle des flottes de vaisseaux charbonniers, dont le rendez vous est à Shelas, à l’embouchure de la Tyne. C’est en particulier ce négoce qui rend Newcastle opulente.
Elle jouit d’ailleurs de grands privileges, qu’elle obtint sous la reine Elisabeth. Elle est du nombre de