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tre d’opium a souvent produit un très-bon effet, de même que le cataplasme de racine de grande consoude pour réprimer la fluxion.

Quelques-uns appliquent des médicamens dans l’oreille du côté de la douleur. L’huile d’amandes ameres, ou la vapeur du vinaigre dans lequel on a fait bouillir du pouillot ou de l’origan. Le vinaigre est recommandé contre les fluxions chaudes ou inflammatoires : & quand l’engorgement vient d’une cause froide ou humorale, on coule dans l’oreille du jus d’ail cuit avec de la thériaque, & employé chaudement, ou bien un petit morceau de gousse d’ail cuit sous la cendre, & introduit dans l’oreille en forme de tente.

Il n’y a sorte de cataplasmes astringens, émolliens, résolutifs, discussifs, dont on ne trouve des formules pour appliquer sur la machoire & la joue, contre les fluxions qu’occasionne la douleur des dents. On conseille aussi des gargarismes, avec des noix de galles cuites dans le vinaigre ; avec du vinaigre dans lequel on a éteint des cailloux roussis au feu ; de la décoction de verveine, de la décoction de gayac dans l’eau ou le vin, en y ajoutant un peu de sel. D’autres font mâcher de la racine de pyrethre pour faire dégorger les glandes salivaires ; la racine de calamus aromaticus a produit souvent de très-bons effets : mais c’est sur-tout les remedes qu’on applique sur la dent, dans le creux que forme la carie, qui méritent essentiellement le nom d’odontalgiques. L’huile de gayac, celles de buis, de gerofle, de camphre, de canelle, portées dans le creux de la dent avec un peu de coton, dessechent la carie, empêchent ses progrès, & brûlent le nerf. C’est un préparatif à l’opération de plomber une dent. Si la douleur est très violente, le coton trempé dans les gouttes anodynes, calme puissamment : on peut même introduire avec succès dans la dent deux ou trois grains d’opium. Mais l’extraction de la dent est le moyen le plus sûr, comme nous l’avons dit à l’article Odontalgie.

Les personnes du peuple mettent dans le creux d’une dent cariée un morceau d’encens : ce remede pourrit la dent & la fait tomber par parcelles ; mais on a remarqué que cela étoit dangereux pour les dents voisines. Les autres parlent d’un trochisque fait avec le lait de tithymale, l’encens en poudre & temperé d’amidon, pour procurer la chute spontanée de la dent. L’adresse de nos dentistes doit faire préferer leurs secours, tout douloureux qu’ils sont, à des remedes incertains, qui ont tant d’inconveniens d’ailleurs. (Y)

ODONTOIDE, ὀδοντοειδες, en Anatomie, apophyse dans le milieu de la seconde vertebre, à laquelle on a donné ce nom par rapport à la ressemblance qu’elle a avec une dent. Voyez Pyrénoïde & Vertebre.

Ce mot est formé du grec ὀδος, dent, & de εἰδος, forme.

Sa surface est un peu inégale, afin que le ligament qui en sort & qui la lie avec l’occiput, s’y attache mieux.

Elle est aussi environnée par un ligament solide & rond, fait d’une maniere industrieuse, pour empêcher que la moëlle de l’épine ne soit comprimée par cette apophyse. (L)

ODONTOIDES pierres, (Hist. nat.) nom générique donné par quelques auteurs aux pierres qui ressemblent à des dents. Voyez Glossopetres.

ODONTOLOGIE, s. f. partie de l’Anatomie qui traite des dents, ce mot est composé des deux grecs ὀδος, dent, & λογος, traité. (L)

ODONTOPETRES, (Hist. nat.) nom donné par quelques naturalistes aux dents de poissons que l’on appelle communément glossepetres ou langues de

serpent ; on les appelle aussi bufonites, crapaudines, ichtyodontes, chelonite, &c.

ODONTOTECHNIE, s. f. terme de Chirurgie, dérivé du mot grec ὀδος, dent, & τέχνη, art, ce qui signifie à proprement parler l’art du dentiste en général : quelques-uns entendent particulierement par ce terme, la partie de l’art du dentiste qui a pour objet les dents artificielles.

La perte des dents à l’occasion d’un coup, d’une chute, ou de leur extraction indiquée par la carie dont elles étoient gâtées, défigure la bouche, nuit à la mastication & à la prononciation. L’art a des ressources efficaces pour réparer cette perte.

Les dents qu’on emploie ne sont pas toujours artificielles ; on peut faire porter dans l’alvéole une dent naturelle semblable en dimension & de la même espece que celle qu’on a perdue. Les dentistes ont à cet effet beaucoup de dents tirées des mâchoires des personnes mortes, qui avoient les dents fort saines. Pour placer une dent naturelle, il faut le faire immédiatement après l’extraction de la mauvaise ; & on l’assujettit pendant quelque tems aux dents voisines avec des liens de soie cirés, ou avec des fils d’or. On monte quelquefois une dent artificielle à vis sur la racine qui remplit l’alvéole, lorsque la couronne seule étoit cariée, & qu’on a cru pouvoir se contenter de la scier sans faire l’extraction de sa racine. La matiere dont on forme les dents artificielles, est la dent d’hippopotame ; elle est bien préférable à l’ivoire dont on se servoit anciennement, & qui n’est ni si dure, ni si blanche que la dent de cheval marin, & qui jaunit très-promptement. On en fait des rateliers complets d’une seule piece, lorsque toutes les dents manquent ; (voyez Ratelier). Guillemeau donne la recette d’une composition pour faire des dents artificielles ; (voyez le tome IV. de l’Encyclopédie à l’article Dent, pag. 840). Cette pâte servira plus utilement à remplir une dent cariée, « afin d’empêcher, suivant l’expression de l’auteur, qu’il ne tombe & se cache quelque viande en mangeant, qui la pourrit davantage, & excite souvent grande douleur ». Au défaut d’artiste capable de bien plomber une dent, on pourroit se servir de cette composition, après les précautions que nous avons indiquées à l’article Odontalgique, & que nous exposerons à l’article Plomber. (Y)

ODORANT, Principe, (Chimie, Pharmac. & Mat. médic.) partie odorante, principe ou partie aromatique, parfum, odeur, gas, esprit recteur, ens, esprit, mercure.

Les Chimistes ont désigné sous tous ces noms un principe particulier dont un grand nombre de plantes & un très-petit nombre de substances animales sont pourvues, qui est l’objet propre du sens de l’odorat, ou le principe matériel du sens de cette sensation. Voyez Odorat, Physiologie.

Le principe aromatique des végétaux réside ou dans une huile essentielle, dont quelques substances végétales sont pourvues (voyez Huile essentielle) ; ou il adhere au parenchyme de quelques autres qui ne contiennent point d’huile essentielle ; ou même il est logé chez ces derniers dans de petits reservoirs insensibles. Il peut fort bien être encore que les plantes qui ont de l’huile essentielle, contiennent leur principe aromatique de ces deux manieres.

Les baumes & les racines n’étant autre chose que des huiles essentielles, plus ou moins épaissies, qui se sont séparées d’elles-mêmes de certains végétaux, il est évident qu’elles ne méritent aucune considération particuliere, par rapport à leur principe aromatique.

Le petit nombre de substances animales aromatiques ; le musc, la civette, le castor, sont aussi exac-